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Septembre 2016
28 Septembre 2016

Parution : Lignes de vie d’un peuple « Les Tibétains »

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Les ateliers Henry Dougier nous offrent une magnifique collection « Lignes de vie d’un peuple » et sort le 6 octobre en librairie un volume sur LES TIBÉTAINS.

un Mot sur cette collection :

Comment dépasser la tentation du repli sur soi ?

Comment réveiller cette curiosité profonde, cette appétence du grand large, cette ouverture aux autres, seules capables de mobiliser nos énergies et notre imaginaire ? En « racontant » les peuples aujourd’hui.

Dans chaque titre, un auteur francophone, sur place, journaliste ou universitaire, choisit un angle, une grille et part à la rencontre de ceux qui vivent et « font » leur pays, ceux qui analysent les métamorphoses de la société et ceux qui les incarnent concrètement.
Tissé de grands entretiens et de nombreuses « histoires fortes » révélatrices, chaque livre met en scène la vitalité et l’inventivité d’un peuple, en soulignant ce qu’il a de singulier et d’universel, de familier et d’étrange.

Avis de la rédaction :

Pour avoir lu une grande quantité de livre sur le sujet celui-ci semble indispensable. Les témoignages y sont très intéressants et la problématique du Tibet y est très accessible pour des néophytes. Marie-Florence Bennes nous offre un livre ancré dans la culture contemporaine des Tibétains, sous les regards éclairés de Françoise Robin et Katia Buffetrille.

LES Tibétains :

Un grand silence règne sur le Pays des Neiges. Victimes de l’agression de leur puissant voisin depuis plus d’un demi-siècle, les Tibétains ont été contraints de fuir leur pays ou d’accepter de se soumettre. Déracinés dans leur pays d’accueil (Inde, Bhoutan, France…) ou réduits aux humiliations et à la dilution de leur identité sur leurs terres ancestrales, les Tibétains ne cessent pourtant de lutter contre le déni de leurs droits économiques, sociaux et culturels, et pour le respect de leur liberté religieuse.

Les récits et points de vue d’exilés et d’habitants du Haut Plateau, ainsi que les réflexions de chercheurs tibétains et d’éminents tibétologues, témoignent dans ce livre des souffrances du peuple tibétain, mais aussi de ses espoirs.

L’auteure Marie-Florence Bennes


Marie-Florence Bennes, journaliste indépendante, est diplômée en anthropologie sociale et visuelle de l’EHESS (Paris). Elle a travaillé à Libération et à la rédaction du Monde. Elle a vécu à New York, à Shanghai, à Paris, et sillonne depuis plus de trente ans l’Asie, particulièrement la Chine, le Tibet, l’Himalaya. Elle est l’auteure, avec le photographe Christian Rausch, de Tibétains, peuple du monde (Critères Éditions, 2009).

Vous pouvez commander le livre à cette adresse 

ISBN : 979-10-31201-83-2
12 €
144 pages
Diffusion Le Seuil / Volumen

Deux autres livres de cette collection aux sujets connexes de la problématique du Tibet et de la Chine

    


28 Septembre 2016

Gangkye Drupa Kyab : Aller-Retour à la case prison et thérapie de choc par reformatage cérébral, pour cet écrivain tibétain…

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Pour Gangkye Drupa Kyab, l’écrivain   » chinois  » d’origine tibétaine. Pour utiliser la dénomination récemment harmonisée par les autorités suisses et le Secrétariat d’État aux Migrations.

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Mais, que nenni, les us et coutumes et autres terminologies d’harmonisation des dénominations, la Chine qui ne reconnait pas le Tibet, et d’ailleurs, au vu des pressions qu’elle exerce sur les chancelleries des pays du reste du monde qu’elle considére comme des dépendances, semble chaque jour un peu plus méconnaitre quelque autre pays que ce soit sur la planète et le temps n’est pas loin où il nous faudra, à notre tour, tous autant que nous sommes, être harmonisés  – Il en va ainsi de la diplomatie à la chinoise – la Chine poursuit sa politique proprement ahurissante de destruction systématique de la culture tibétaine et de tout ce qui peut lui paraître, un tant soit peu, frappé, quand bien même en insoupçonnable filigrane, du sceau de cette culture.

Et ne trouvent grâce à leurs yeux que l’enduit d’imitation tibétaine, dont ils recouvrent et ornementent tous leurs complexes d’industrieuses moissonneuses à yuans, dont ils truffent peu à peu le pays qu’ils occupent.

L’écrivain tibétain et professeur Gangkye Drupa Kyab a été, à nouveau, arrêté le 17 septembre, soit un jour après sa sortie de prison. Il avait été incarcéré pendant plus de quatre ans et demi pour s’être tout simplement un peu laissé aller à exercer son droit à la liberté d’expression et de … pensée.

Son ami, Samdup, libéré le 19 août, après avoir purgé plus de quatre ans, a également été arrêté le 18 septembre.

Les deux  jeunes Tibétains Gangkye Drupa Kyab et Samdup ont été arrêtés à Serthar (Ch : Seda), et conduits au Centre de Détention du Comté de Kardze (Ch : Ganzi), Préfecture autonome tibétaine (TAP), dans la province du Sichuan.

Les sources tibétaines en exil ont rapporté que Gangkye Drupa Kyab avait été condamné à purger une détention de 15 jours. Il a été averti qu’il serait remis en prison s’il n’adoptait pas la ligne politique officielle ou ne veillait pas à apporter des améliorations – qu’on imagine conséquentes –  à sa position politique.  Invité, le 17 septembre, à se présenter au Bureau de sécurité publique du Comté, il n’est plus réapparu.

Comme rapporté précédemment par le T.C.H.R.D.  – Tibetan Center for Human Rights and Democracy –  Gangkye Drupa Kyab a été libéré le 16 septembre de la prison de Rangakha Minyak, après y avoir purgé quatre ans et sept mois de sa peine de cinq ans.

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Pour célébrer sa libération, les membres de la famille et les autres villageois ont organisé une grande cérémonie où l’écrivain et professeur bien connu fut accueilli en héros à Ragtam, dans le canton de Serthar (Ch: Seda).

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Des photos de lui, – Gangkye Drupa Kyab  –  brandissant un portrait du Chef spirituel tibétain absolument honni, Sa Sainteté le Dalaï-Lama – actuellement en visite dans les pays de la communauté européenne –   ont été retrouvés, plus tard, circulant sur les médias sociaux.

Alors qu’au Sichuan, sévit la grande chasse aux photographies de Sa Sainteté le Dalaï-lama, que les autorités chinoises comparent à l’ancien Raïs Irakien.

« Accrocher son portrait à la vue des Chinois, c’est comme accrocher le portrait de Saddam Hussein à la vue des Américains », a avancé cet expert, Lian Xiangmin, du Centre de recherches en tibétologie de Chine, basé à Pékin. 

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Portrait de Sa Sainteté au Sichuan

« Les habitants sont plutôt invités à accrocher des portraits des dirigeants passés et actuels du pays »  a indiqué le responsable régional de la propagande, en allusion à Mao Tsé-toung et tous ses honorables successeurs.
Le Centre Tibétain pour les Droits de l’Homme et la Démocratie (TCHRD) craint que les deux Tibétains,  Gangkye Drupa Kyab et Samdup ne soient  illégalement détenus, sous le prétexte que leur soient dispensés  un enseignement  d’ « éducation juridique », un doux euphémisme populaire pour  » classe de lavage de cerveau « , au cours de laquelle classe à enseignement intensif et continu, les défenseurs des droits de l’homme et les apôtres de critiques des politiques officielles soient soumis à toutes sortes de tortures et, physiques, et psychologiques afin de les briser, de briser leurs esprits et de les forcer à suivre officiellement les instructions du Gouvernement chinois.

Au fil des ans, les activistes et militants chinois des droits de l’homme et des experts juridiques ont pu noter un recours systématique de la puissance occupante à l’utilisation flagrante et généralisée de 15 jours de « détention administrative » pour faire taire les militants et étouffer les critiques.

En fait d’éducation juridique, ce sont les pires tortures qui sont au programme de ces soi-disant « centres d’éducation juridique » et auxquelles sont soumis les détenus et dont ils sont victimes.

Sous la direction du président Xi Jinping, le gouvernement de la République Populaire de Chine a fait, en décembre 2013, un grand show spectaculaire, avec force démonstration et bruit, de l’abolition de la redoutée et redoutable   » Rééducation par le Système du Travail  » (R.T.L.) .

Mais à l’échelle internationale, de nombreux États, ONG et organisations internationales, y compris les Nations Unies ont dénoncé et abondamment critiqué les camps de rééducations (R.T.L.)  pour violation du droit international des droits de l’homme.

Sur le plan intérieur, les juristes chinois ont critiqué le système R.T.L, le dénonçant comme illégal, en vertu et au regard même de la Constitution de la République Populaire de Chine, et, en 2012, 87% des citoyens chinois prirent fait et cause pour l’abolition du système de rééducation, RTL.

Le système R.T.L. a permis de conférer à la police des pouvoirs discrétionnaires qui lui permettent de détenir des personnes sur des périodes allant jusqu’à quatre ans, sans aucune procédure juridique légale. La détention de 15 jours de Gangkye Drupa Kyab et Samdup est juste une autre forme de détention arbitraire qui s’apparente au système de rééducation RTL, mais autrement nommé.

Le T.C.H.R.D. condamne fermement la détention illégale de Gangkye Drupa Kyab et Samdup et demande leur libération immédiate et inconditionnelle. Leur détention est juste une autre tactique, une pratique employée par les autorités chinoises pour répandre la peur et provoquer l’intimidation au sein de la communauté tibétaine dans son ensemble.

Les autorités chinoises doivent se rendre compte que l’utilisation de la force comme un outil pour assurer la stabilité est à courte vue et non durable, et ne fait que prolonger le cycle de la répression et de la  résistance.

Le TCHRD a  précédemment rapporté que l’arrestation arbitraire de Gangkye Drupa Kyab, Samdup, Sheygyal, Drensel et Yudrang était consécutive à une prétendue appartenance des cinq Tibétains incriminés à l’association   » Marshog Ngogol Tsogpa «  (Association Anti-Parti communiste).

Comme quoi, si besoin était, il semble que la rééducation à la Han ne parvienne guère à atténuer, et les volontés, et l’expression comme l’organisation de revendications multiples et très diversifiées de la population tibétaine.

Il y a trois ans, le 1er août 2013, le Nyagchu (Ch: Yajiang) la Cour populaire du Comté, avait  condamné Gangkye Drupa Kyab à cinq ans et six mois, Samdup à cinq ans,  Sheygyal etYudrang à deux ans chacune, et Drensel à trois ans.

 
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Samdup au sortir de son incarcération

Samdup, 35 ans, fils de M. et Mme Soegyal Chede du village Gonchok dans le Comté de Serthar, avait été arrêté le 13 juin 2012, après avoir organisé une manifestation contre le Gouvernement chinois. Il avait crié des slogans et émis des protestations, jeté des tracts aux empreintes du drapeau national tibétain interdit qu’il avait lancé, tout en gesticulant, depuis le toit d’un bâtiment de restaurant dans la ville du Comté. Il avait été arrêté par la police locale et emmené au Dartsedo (Ch: Kangding), Centre de Détention où il a été enfermé pendant plus d’un an.

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Une de ses proches, qui vit en Inde a récemment partagé avec T.C.H.R.D une esquisse – plutôt trés explicite –  faite par Samdup, alors en prison.

Gangkye Drupa Kyab a publié essais et poèmes, a contribué à diverses revues, livres et sites Web. Certains de ses écrits traitent des questions actuelles auxquelles sont confrontées les Tibétains au Tibet. Un essai intitulé  « Sur l’Urbanisation et les Tibétains » dépeint les problèmes rencontrés par les Tibétains dans les villes.

Dans les poèmes tels que «  L’âme dans la neige », « The Call of Fate », « Les Couleurs du Temps », « La douleur de l’époque » et « Larmes sur le passé », il a exprimé les souffrances et les aspirations du peuple tibétain au Tibet occupé.

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Aujourd’hui 27 septembre, c’est donc le 29ème anniversaire de la protestation indépendantiste de 1987 qui a embrasé Lhassa, la capitale du Tibet-occupé et a duré pendant plusieurs semaines.

C’était la première grande manifestation depuis le soulèvement de 1959.

   Et la gloire resplendit sur toutes nos larmes

  » Ils ne vieilliront pas comme nous, qui sommes restés, vieillirons :
L’âge ne les usera pas, ni même le poids des années.
Au coucher du soleil et le matin,
Nous nous  souviendrons d’eux. « 

Sur la photo : 20 à 30 moines du monastère de Drepung font plusieurs fois le tour du Jokhang en arborant des drapeaux tibétains faits maison (dont la possession est interdite) et en criant des slogans. Ils seront rejoints par 150 à 200 autres personnes peu aprés.

merci à Te Nam

For the Fallen Laurence Binyon
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28 Septembre 2016

LARUNG GAR ( TIBET ) : Poursuite, sans états d’âme, de la destruction du plus grand centre de formation bouddhiste

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Dans le Sichuan, sous prétexte de rénovation et d’urbanisation, les autorités chinoises sont en train de détruire, depuis le 20 juillet, la grande académie bouddhique de Larung Gar, où vivaient environ 10 000 moines et moniales tibétains.

Selon Radio Free Asia (RFA), financée par le Congrès américain, les autorités chinoises poursuivent la destruction de Larung Gar, grand centre de formation bouddhiste dans le district de Serthar de la préfecture autonome tibétaine de Garzê, dans la province du Sichuan en Chine.

Perché à plus de 4 000 mètres d’altitude, à flanc de montagne, ce centre est constitué de milliers de maisonnettes en bois, peintes en rouge, aux toits couverts de tôle ondulée. Sous prétexte de rénovation et d’urbanisation, les autorités chinoises ont commencé, le 20 juillet, à démolir Larung Gar, avec l’objectif de réduire le nombre des moines, moniales et étudiants laïcs à 5 000 d’ici à septembre 2017.

Des ouvriers sous escorte policière
Les premières équipes d’ouvriers sont arrivées sous escorte policière. Des forces armées surveillent en permanence le chantier pour éviter toute tentative de protestation. Les photos envoyées clandestinement par des habitants montrent un vaste champ de ruines sur une bonne partie de la ville.

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Fondé en 1980 (quatre ans après la mort de Mao Zedong et la fin de la Révolution culturelle) par Khenpo Jigme Phuntsok (1), l’institut de Larung Gar est reconnu comme un centre très important d’enseignement du bouddhisme tibétain. Il a atteint dans le passé plus de 10 000 étudiants, y compris des Hans (ethnie chinoise majoritaire). Mais depuis 2001, Pékin considère Larung Gar comme un lieu de diffusion d’informations provenant des « forces séparatistes en exil ».

En 2001 déjà, les autorités chinoises avaient détruit environ 2 000 logements et expulsé plus de 5 000 étudiants et membres des communautés monastiques de Larung Gar. Le choc était tel que certains en étaient morts ou s’étaient suicidés.

Quinze ans plus tard, les faits se reproduisent. Depuis juillet, plus de 600 habitants de Larung Gar ont reçu l’ordre de partir, et près de 400 membres de plus de 60 ans ont déjà dû quitter les lieux.

Tous les étudiants qui ne sont pas originaires du Sichuan ont été expulsés, en commençant par les Tibétains originaires de la Région autonome du Tibet (voisine du Sichuan). Les autorités éloignent maintenant les habitants du Yunan, du Gansu et du Qinghai, autres provinces voisines du Tibet où vivent d’importantes communautés tibétaines.

Toujours selon Radio Free Asia, trois jeunes moniales de Larung Gar se sont donné la mort cet été. L’une d’elles a laissé le 17 août « une lettre d’adieu pour exprimer sa détresse face à la destruction de Larung Gar et expliquant que les Chinois ne les laisseraient jamais en paix », rapporte à Radio Free Asia une source vivant dans le quartier. Une quatrième moniale ayant attenté à ses jours a été sauvée in extremis par ses proches.

Des ordres venus d’en haut
D’après RFA, qui cite une source anonyme, les ordres concernant Larung Gar ne viendraient pas des autorités du district, mais « des autorités supérieures ». Le site de la radio affirme que le président Xi Jinping suivrait lui-même l’affaire avec attention.

Selon les ONG qui défendent les Tibétains, les destructions à Larung Gar cachent un autre but que de lutter contre les risques de surpopulation, de glissement de terrain, d’incendie ou d’épidémie. « Il s’agit simplement d’une tactique de la Chine pour réduire l’influence du bouddhisme au Tibet », estime Eleanor Byrne-Rosengren, directrice de l’ONG Free Tibet.

De même, l’ONG Human Rights Watch (HRW) demande que Pékin laisse les Tibétains décider de la façon dont ils désirent vivre leur religion. « Si les autorités chinoises pensent qu’il y a un problème de surpopulation dans les habitations de Larung Gar la solution est simple », a déclaré Sophie Richardson, directrice de HRW-Chine : « Il faut autoriser les Tibétains et les autres bouddhistes à construire plus de monastères. »

Claire Lesegretain
Article : Au Tibet, la destruction du plus grand centre de formation bouddhiste se poursuit
Claire Lesegretain, le 26/09/2016 à 16h00
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(1) Ce fondateur charismatique, reconnu par les Tibétains comme étant un « Bouddha vivant », est décédé dans les années 1990 dans des circonstances mystérieuses, dans un hôpital gouvernemental chinois à Chengdu.

 

 

Pourquoi lire La Croix ? La Croix choisit dans le flot de l’actualité des pépites à mettre en lumière, en privilégiant le recul et l’analyse.

Consultez aussi : https://www.savetibet.org/mass-expulsions-at-globally-renowned-buddhist-institutes-follow-demolitions/


28 Septembre 2016

Prison avec sursis pour des défenseurs des droits des ouvriers en Chine

ouvriers

Trois défenseurs des droits des travailleurs ont été condamnés à des peines de deux à quatre ans de prison avec sursis pour avoir organisé des manifestations jugées illégales par la justice chinoise.

Zeng Feiyang, directeur d’un centre d’aide aux travailleurs migrants venus de zones rurales, a été condamné à quatre ans de prison avec sursis, tandis que ses deux collaborateurs Tang Huanxing et Zhu Xiaomei ont écopé de deux ans avec sursis.

Les trois hommes avaient organisé de vastes rassemblements pour soutenir des travailleurs de la province méridionale du Guangdong, surnommée l’atelier du monde, qui réclamaient leur salaire à la suite d’un différend avec leurs employeurs.

Le tribunal populaire local avait estimé que ces différentes manifestations avaient enfreint la loi du pays et causé un trouble à l’ordre public.

Les trois prévenus ont plaidé coupables.

Zeng Feiyang aurait reconnu avoir reçu des financements d’organisations étrangères hostiles au régime chinois, a affirmé l’agence de presse pro-gouvernementale Chine Nouvelle.

Le Guangdong est l’une des provinces chinoises les plus riches, mais l’augmentation des salaires pousse les entreprises à délocaliser leurs activités dans d’autres régions ou au Vietnam, où elles peuvent trouver une main-d’œuvre à bon marché.

Lorsque des entreprises quittent la région, certains ouvriers se retrouvent avec des salaires impayés ou sont privés d’indemnités de licenciement, un phénomène qui catalyse les mouvements de protestations.

Par peur de voir émerger un mouvement syndical ouvrier indépendant, le Parti communiste chinois au pouvoir n’autorise qu’un syndicat unique et officiel, qu’il contrôle étroitement.

Image :
En Chine beaucoup de travailleurs pauvres se retrouvent dans la rue. 27 sept 2016 PHOTO : ? JASON LEE / REUTERS

PUBLIÉ AUJOURD’HUI À 14 H 37 :

RADIO-CANADA AVEC AGENCE FRANCE-PRESSE


28 Septembre 2016

La Suisse ne reconnaît plus la nationalité tibétaine

Le «livre vert» est un document délivré par le gouvernement tibétain aux Tibétains vivant à l’extérieur de la région. Image: Archives/Reuters

Le Tibet n’est pas reconnu comme Etat par la Confédération. Le SEM va harmoniser la dénomination.

La nationalité tibétaine n’est plus reconnue sur les pièces d’identité fournies par les autorités suisses. Le Secrétariat d’Etat aux migrations a demandé en juin 2015 aux offices cantonaux d’harmoniser la dénomination des Chinois d’origine tibétaine.

La Suisse ne reconnaît pas le Tibet comme Etat, elle ne peut donc pas évoquer une nationalité tibétaine. En faisant mention de cette origine sur les pièces d’identité accordées aux réfugiés tibétains, l’administration a commis une erreur qui doit désormais être corrigée, selon la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga.

Utiliser désormais la désignation «Chine» ne change rien au droit de séjour des personnes concernées. La correction ne concerne en outre pas les personnes que la Suisse a reconnues comme apatride, a précisé lundi la ministre de la justice dans sa réponse écrite aux questions des socialistes saint-galloises Barbara Gysi et Claudia Friedl.


28 Septembre 2016

Deux moines tibétains envoyés en prison pour partage d’informations relatives à une auto-immolation

Les autorités chinoises ont condamné deux moines tibétains pour partage d’informations en ligne et des images sur la protestation par auto-immolation d’une mère tibétaine dans le Comté de Sangchu (chinois: Xiahe) de la Préfecture autonome Tibétaine de Kanlho (chinois: Gannan), de la Province de Gansu, dans la Province tibétaine de l’Amdo.

Jinpa Gyatso, âgé d’environ 39 ans, et Kelsang Monlam, 37 ans, ont été condamnés chacun à un an et demi de prison le 12 septembre par la Cour populaire du Comté de Sangchu. Les deux moines appartenaient au Collège  bouddhiste de dialectique du Monastère de Labrang Tashikyil, dans le Comté de Sangchu. Ils ont été arbitrairement détenus séparément le 4 juin 2015 et maintenus en détention secrète prolongée.

Jinpa Gyatso a été arrêté au marché local situé au-dessous du Monastère Bora dans le canton de Bora, du Comté de Sangchu. Il était avec deux autres moines du monastère de Bora, tous deux également détenus en compagnie de Jinpa. Les deux moines, identifiés comme Jamyang Gyatso et Kelsang Gyatso, ont été placés en garde à vue pendant deux jours puis libérés.

Kelsang Monlam a été appréhendé dans son logement au Monastère de Labrang par un groupe d’agents de sécurité. Aucune explication n’a été donnée au moment de son arrestation.
Jinpa et Kelsang sont détenus à la prison de Menkar dans le Comté de Sangchu.

Selon une source fiable, Jinpa Gyatso est l’un des moines les plus intelligents et compétents  de ce Monastère de Labrang où il est connu  pour sa vaste érudition et sa connaissance du bouddhisme et de la culture tibétaine. Il devint moine assez jeune au monastère de Bora dans sa ville natale. Il avait ensuite rejoint l’Académie bouddhiste de la province du Gansu « Nangten Lobda » et y avait obtenu son diplôme avec mention. En 1998, il rejoint le Monastère de Labrang où il a excellé dans ses études et vite connu pour sa vive intelligence et sa perspicacité.

Kelsang Monlam est né en 1980 à Nyinpa Village dans le canton de Chebishi, du comté Chone (chinois: Zhuoni), de la préfecture autonome tibétaine Kanlho.

Sangyal Tso, mère de deux enfants, est morte suite à son  auto-immolation, en signe de protestation,  le 27 mai 2015, dans le canton de Dokhog ( chinois : Daogao) dans le comté de Chone (chinois : Zhuoni).  Elle s’était auto-immolée devant un bureau du Gouvernement chinois, situé près du monastère de Choephel Shing Tashi Choekorling dans le canton de Dokhog.

Comme rapportée précédemment par TCHRD, son auto-immolation était immédiaterment suivie par la détention arbitraire de six Tibétains connus. Deux des détenus étaient son mari Tadrin Wangyal et son neveu Tenzin Soepa. Tadrin Wangyal a été arrêté avec un moine nommé Trinley Gyatso. Les autres étaient Samten Gyatso et Lobsang Tenzin. L’état des six détenus reste inconnu. Avec la détention de Jinpa Gyatso et Kelsang Monlam, le nombre total de Tibétains arbitrairement détenus connus dans le cadre de cette auto-immolation de Sangyal Tso est passé à huit personnes.


25 Septembre 2016

A Lhassa, un bouddhisme en liberté surveillée

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Lhassa, 6h45. Devant l’entrée du Jokhang, le temple le plus sacré du bouddhisme tibétain, un flot multicolore de pèlerins psalmodie des prières à plat ventre à la lueur des lampadaires. Non loin, des policiers, dont des Tibétains, se font discrets, mais patrouillent régulièrement, talkie-walkie ou arme à la main.

« Des restrictions? Non, je viens matin et soir. Je n’ai jamais eu aucun problème », assure Zangmai, chauffeur de taxi de 31 ans. « Je prie ici depuis que j’ai 5-6 ans, et j’y emmènerai mon fils un jour », déclare-t-il fièrement à l’AFP en jetant de l’herbe séchée dans un grand brûleur d’encens qui crache une fumée grisâtre.

Le quartier est sensible: c’est ici qu’ont éclaté en mars 2008, à quelques mois des jeux Olympiques de Pékin, des émeutes meurtrières. Des manifestations de moines avaient dégénéré en déchaînement de violence contre les Chinois Hans, majoritaires dans le pays (92%) — mais minoritaires au Tibet, où leur part a cependant augmenté ces dernières décennies.

Le calme est revenu au temple et dans la rue Barkhor qui l’entoure, où des centaines de croyants défilent en signe de déférence. Plusieurs fois rénovée, la rue est parsemée de magasins, de restaurants, et de petits drapeaux chinois disposés au premier étage des bâtiments.

« Pourquoi je viens prier, malgré mon handicap? On est comme ça, les Tibétains, c’est notre mode de vie », sourit Zhaxi Nima, 37 ans, la jambe gauche amputée en-dessous du genou.

Jeunes en baskets, vieux messieurs appuyés sur leur canne, femmes parées de bijoux turquoise… En apparence, tous semblent vivre leur foi sans entrave.

– « Ils ont intérêt à se taire » –

« Les simples croyants sont difficiles à contrôler. C’est dur de savoir ce qu’ils ont dans la tête. Mais les temples, les monastères, les moines… Ce qu’ils font est très étroitement surveillé », observe Jens-Uwe Hartmann, tibétologue et spécialiste du bouddhisme à l’Université Louis-et-Maximilien de Munich.

« Les moines ne peuvent pas s’exprimer librement. Et s’ils se choisissent des dirigeants non approuvés par le Parti communiste, ces derniers disparaissent », assure-t-il.

Devant le Jokhang, un moine de 33 ans, originaire d’un monastère de la province voisine du Sichuan, se confie.

« On n’est pas libres. Pour entrer au Tibet depuis une autre province, il faut obtenir un certificat avec nom, adresse, numéro d’identité. Le tout tamponné par le monastère, le Bureau des Affaires religieuses et la police », peste-t-il.

Pour Pékin, ces formalités ne visent aucune communauté en particulier. « Elles ont été mises en place après les émeutes de Lhassa et le début de la vague d’immolations par le feu », justifie Wang Xiaobin, chercheur au Centre chinois de recherche en tibétologie, un organisme officiel basé dans la capitale.

Depuis février 2009, 145 Tibétains se sont immolés par le feu en signe de protestation et 117 en sont morts, selon l’association Campagne internationale pour le Tibet, basée aux Etats-Unis.

« La plupart étaient originaires de provinces voisines du Tibet. Et le gouvernement régional craint que certains viennent s’immoler à Lhassa », souligne M. Wang.

« Le bouddhisme tibétain est une partie intégrante de l’identité et du nationalisme tibétain. Il est donc perçu comme une menace potentielle à l’autorité de l’Etat », estime Kate Saunders, directrice de la communication de l’ONG.

Pékin affirme avoir « libéré pacifiquement » le Tibet en 1951, deux ans après l’arrivée au pouvoir des communistes en Chine, après quatre décennies d’indépendance de fait du « toit du monde ».

– « On aime Sarkozy » –

A l’intérieur du Jokhang, où vivent une centaine de moines, beaucoup de touristes chinois se disent admiratifs.

« Dans le reste de la Chine, à cause du Parti, d’innombrables temples ont été détruits », déclare un jeune Han, mimant un poing pulvérisant un bâtiment.

« Au Tibet, le bouddhisme est préservé », souligne-t-il, même si de nombreux édifices religieux, comme ailleurs en Chine, y ont été détruits durant la Révolution culturelle (1966-1976).

« La foi ici est impressionnante. On ne voit pas ça ailleurs dans le pays », souligne Peng Meng, 22 ans.

Dans un couloir, un jeune moine interpelle: « Vous venez de France? Ici, on aime beaucoup Nicolas Sarkozy, car il a rencontré le dalaï lama ».

L’ex-président français s’était entretenu fin 2008 avec le chef spirituel tibétain, accusé par Pékin d’être un « séparatiste », entraînant une glaciation des relations franco-chinoises.

Le portrait du dalaï lama est interdit en Chine.

« La Chine reconnaît la +liberté de croyance religieuse+. Pas la +liberté religieuse+. C’est différent », résume Wang Xiaobin. Sans accord des autorités, il est interdit de construire des lieux de culte supplémentaires, et avant 18 ans, impossible pour un jeune de devenir lama dans un monastère, détaille-t-il.

« En clair, vous avez le droit d’être croyant. Mais l’activité religieuse n’est pas sans limites ».

Ludovic EHRET © 2016 AFP


25 Septembre 2016

Drubpa Kyab, auteur tibétain renommé, libéré d’une prison chinoise

Drubpa_Kyab

Gangkye Drubpa Kyab, un écrivain tibétain de 36 ans, a été libéré de la prison de Minyak Rangakha, situé dans la province du Sichuan le 16 Septembre 2016.

Drubpa Kyab a d’abord été mis en garde à vue et détenu par la police locale le 15 Février 2012. Il a ensuite été condamné à cinq ans d’emprisonnement par un tribunal de Nyagchu dans la région de Kardze de l’Est du Tibet pour « incitation à des campagnes pro-tibétaine » et des activités politiques présumées.

Les membres de sa famille et des soutiens l’accueillirent joyeusement alors qu’il rentrait chez lui dans le comté de Serthar, préfecture autonome tibétaine de Kardze (incorporé dans la province du Sichuan).

Il avait été enseignant dans le comté de Serthar pendant dix ans et était enseignant dans une nouvelle école, construite par Khenpo Tsultrim à Drago, au moment de son arrestation.

Drubpa Kyab est aussi un écrivain de renom au Tibet et il a écrit un livre sur la répression brutale de la Chine sur les manifestations tibétaines en 2008. Ses écrits comprennent « L’appel du destin » (Call of Fate),« La douleur de cette époque » (Pain of This Era) et « Larme de la douleur d’aujourd’hui » (Today’s Tear of Pain).


25 Septembre 2016

Un défenseur de la langue tibétaine emprisonné après son entrevue avec le New York Times

New York – Après un entretien avec le New York Times, un homme tibétain a été emprisonné sur de fausses accusations, selon son avocat.

Tashi Wangchuk, 31 ans, a été arrêté par la police dans sa région natale de Jyegudo (chinois: Yushu) dans le Qinghai depuis Janvier 2016, après une entrevue avec le New York Times sur la culture et la langue tibétaine, publié comme un article avec une vidéo en Novembre, 2015. Il fait face à des accusations de « séparatisme », bien qu’il n’ait pas préconisé l’indépendance du Tibet, selon son avocat.

Son avocat, Liang Xiaojun, a déclaré : « Tout ce qu’il souhaite, c’est préserver la culture tibétaine. » Son arrestation fait suite à une vidéo par le New York Times qui a documenté son voyage à Pékin en 2015 où il tentait de déposer une plainte contre les fonctionnaires de Yushu soutenant mal la langue tibétaine.

Cette langue est le fondement de la culture tibétaine, de la religion et de l’identité, a été régulièrement miné sous la domination chinoise au cours des six dernières décennies. Les autorités chinoises ont marginalisé la langue tibétaine en la retirant du programme scolaire pour se concentrer plutôt sur la prédominance de la langue chinoise.

La dépendance primaire sur la langue tibétaine crée de sérieux obstacles pour les Tibétains en termes de formation continue, des emplois et des revenus dans le système chinois. La recherche montre que les enfants réussissent mieux quand la langue acquise dès la naissance est le moyen d’enseignement. Alors que les classes de niveau primaire sont toujours enseignées en tibétain dans de nombreuses régions tibétaines, l’instruction des niveaux plus élevés est en chinois dans toutes les autres matières, ce qui signifie que les Tibétains se retrouvent désavantagés dans leurs études. Les Tibétains veulent apprendre le chinois, d’autant plus que les examens d’entrée au collège ne sont que dans la langue chinoise, mais il est venu au détriment de leur langue maternelle, qui disparaît d’année en année

Tashi Wangchuk a dit au New York Times que l’une des raisons pour lesquelles il a cherché à mettre en évidence l’importance de la langue était parce qu’il ne pouvait pas trouver un endroit où ses deux nièces adolescentes puissent poursuivre leurs études tibétaines, après que les autorités ont forcé une école informelle dirigé par des moines dans sa région, à cesser d’offrir des cours de langue pour les laïcs. Les autorités avaient également ordonné d’autres monastères et une école privée dans la région, de ne pas enseigner la langue aux laïcs. Et les écoles publiques avaient abandonné une véritable éducation bilingue en chinois et en tibétain, l’enseignement du tibétain était dispensé que dans une seule classe, comme une langue étrangère.

En 2010, lorsque les propositions ont été introduites pour augmenter les moyens d’apprentissage et l’enseignement de la langue chinoise, au détriment des études tibétaines, des centaines d’étudiants et écoliers ont rejoint les protestations dans le Qinghai. Il y avait d’autres manifestations en 2012, lorsque les propositions ont été adoptées sous la forme d’un système d’enseignement qui éliminait la quasi-totalité de la langue tibétaine comme langue d’enseignement dans les écoles primaires et secondaires.

Avant son arrestation, Tashi Wangchuk a vendu des marchandises dans un magasin et en ligne à Yushu. Selon les informations de son avocat cité par le New York Times, la police a conclu une enquête supplémentaire à la demande des procureurs le 25 Août, et les procureurs ont maintenant 90 jours pour décider si l’affaire doit aller au tribunal.


25 Septembre 2016

Pourquoi le Dalaï Lama n’a pas été reçu à l’Elysée…

besse

Une fois n’est pas coutume et essayons au moins d’en sourire.

Un dessin de Besse paru dans Marianne (N° 1015 du 16 au 22 septembre) qui a le mérite de tirer le point définitif sur la frilosité (pour ne pas dire plus) de nos dirigeants.

Et la preuve qu’un bon croquis vaut plus qu’un grand discours.

Le bureau de France Tibet


25 Septembre 2016

Genève : 1500 personnes manifestent lors d’une Marche pour le Tibet

Genève – Plus de 1500 Tibétains se sont rassemblés lors du « Rassemblement solidaire  pour la Liberté de Religion et des Droits de l’Homme au Tibet » à Genève (Suisse), vendredi 16 septembre dernier.

Ainsi, des Tibétains et des partisans de groupes de défense tibétains ont manifesté face au bâtiment de l’ONU à Genève. La date coïncidait avec la 33ème Session du Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU pour mettre en évidence la situation inquiétante des Droits de l’Homme au Tibet et dans l’Est du Turkestan, dirigés actuellement par la République Populaire de Chine.

Parmi les personnalités présentes,  lors de cette manifestion,  des parlementaires européens  ainsi que des témoins et victimes : la nièce d’un grand maître tibétain, Tenzin Delek Rinpoche, mort en prison l’année dernière; Rebiya Kadeer, leader en exil des Ouïgours et le moine tibétain Golog Jigme ,exilé après avoir été torturé en prison.

Kai Mueller, responsable du plaidoyer de l’ONU pour la Campagne Internationale en faveur du Tibet, s’est exprimée :

« Depuis 2008, les autorités chinoises ont installé un environnement oppressant et totalitaire dans les monastères et couvents bouddhistes tibétains – approche dans laquelle l’Etat ne connaît aucune limite à son autorité et s’efforce de régler chaque aspect de la vie religieuse. Ces dernières semaines, trois jeunes nonnes tibétaines se sont suicidées au sein du très renommé Institut de Larung Gar au Tibet oriental, désespérées de voir leurs maisons détruites. Les Tibétains et leurs partisans se sont alors réunis à Genève lors de ce rassemblement pour mettre en lumière cette injustice, exprimer leur solidarité avec les autres Tibétains et appeler à la liberté religieuse. »

Ainsi, c’est environ 1500 manifestants,   Tibétains et nombreux Ouïgours venant de Suisse, France, Allemagne, Espagne, Italie, Autriche, Angleterre et des Pays-Bas qui ont participé à cette manifestation.


25 Septembre 2016

Tibet : Omerta sur la mort d’une jeune femme

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La grand-mère et la mère de Tsering Tso

Tsering tso était une femme douce et travailleuse qui subvenait aux besoins de sa famille en élevant des yaks et en récoltant des champignons chenille dans les hautes prairies du Tibet (“yartsa gunbu” en tibétain, très prisés en médecine chinoise).

Âgée de 26 ans, elle a été retrouvée en Octobre de l’année dernière pendue à un pont d’une petite ville près de chez elle.

Elle avait été dernièrement aperçue avec un moine bouddhiste local et deux policiers. Sa famille et les villageois ce sont immédiatement rendus au poste de police de Chalong pour obtenir d’avantage d’information. Les autorités leur ont affirmé qu’il s’agissait d’un suicide. Incrédules et devant le refus de la police d’enquêter sur la mort de la jeune femme, la foule en colère a occupé le poste de police toute la nuit, enfonçant les portes et brisant les fenêtres.

La réaction des autorités fut brutale, montrant à quel point la répression dans les régions tibétaines est importante et comme la moindre protestation y est perçue comme une menace.

Le 10 Octobre, 5 jours après la découverte du corps, des centaines de soldats armés ont débarqué à l’enterrement de Tsering Tso dans le hameau reculé de Raghya,province Ouest du Sichuan.

Les témoins déclarent que plus de 40 personnes ont été ligotées, battues avec des matraques en métal et jetées “comme des cadavres” dans un camion pour être mis en détention. Une lettre ouverte de la communauté au président chinois décrit la scène en disant qu’il y avait tellement de sang que “même une meute de chiens sauvage n’aurait pu tout laper”.

La plupart des détenus ont été libérés dans les semaines et mois suivants, et même si il n’y avait aucun mort à déplorer, beaucoup ont dû être hospitalisés.

Le 20 Mai de cette année 5 membres et proches de la famille ont été condamnés à 20 ans de prison, apparemment pour avoir refusé de signer une déclaration qui affranchissait la police de toute responsabilité concernant la mort de Tsering Tso.

Cette version des faits a été contestée par le bureau de sécurité publique du comté de Garza qui a déclaré que les condamnés étaient armés de couteaux, tuyau en métal et pierres et avait causé plus de 10 000 dollars de dégâts. Les seuls preuves fournies de ce qu’ils qualifient “d’attaque en groupe sur organisme d’Etat” étant des photos montrant des hommes grimpant par dessus la porte et seulement deux fenêtres cassées.

Les proches de la famille interviewés par le Washington post doutent de la véracité de l’investigation, si elle a eu lieu. Personne ne nie que quelques pierres ont été jetées sur les voitures et le poste de police. Mais cet acte a valu à la communauté entière d’être accusée de séparatisme; un crime sévèrement puni qui implique un soutien au Dalaï Lama et l’indépendance du Tibet.

Depuis la connexion internet a été coupée dans le canton, et la famille de Tsering menacée de davantage de poursuite si elle communiquait avec des étrangers. Le village, quelques tentes plantées sur une prairie où paîtrent des yaks, s’est vu refuser les aides du gouvernement pour bâtir des routes et des maisons pour les trois ans à venir en raison de son “mauvais comportement”.

La famille insiste que sa motivation n’est ni politique ni ethnique , elle n’a aucun grief contre l’administration centrale. Tout ce qu’elle souhaite c’est connaître la vérité sur la mort de la jeune fille et la liberté pour les 5 personnes emprisonnées.

“Ma fille était heureuse et en pleine forme, elle ne se serait pas suicidée” déclare sa mère âgée de 48 ans Adhey, assise sur l’herbe et retenant ses larmes avec sa mère de 82 ans et ses deux jeunes fils.



“Ma fille adorée a été assassinée et au lieu de rendre justice à une innocente, le gouvernement en a envoyé d’autres en prison.”

Golog Jigme réalisateur et ancien prisonnier politique maintenant exilé en Suisse, voit dans l’incident de Chalong la symptomatique de l’instabilité du Tibet : »Ce n’est pas le Dalaï Lama ou des étrangers qui cherchent à créer des problèmes, les problèmes viennent vraiment de la situation sociale”.

Le soir du 4 Octobre la jeune fille avait reçu un appel de son petit copain le moine qui lui disait qu’il se sentait malade et qu’il voulait qu’elle le rejoigne. Son père l’avait ensuite conduite et laissée en compagnie du moine en train de boire et des deux policiers.

Bien que l’autopsie conclut à un suicide, les habitant sont sceptiques. Certains disent avoir vu des bleus sur son corps et un docteur aurait rapporté une plaie à la tête ainsi que son cou brisé. Ils disent aussi que ses vêtements semblaient avoir été remis post mortem. Le moine, ayant pour réputation d’être un homme à femmes, a depuis disparu.

Le rapport officiel affirme que les deux policiers ne peuvent être mêlés à l’affaire puisqu’ils étaient en service au moment des faits, mais les villageois insistent qu’ils étaient bien en train de boire avec le moine et suspectent qu’ils ont été couverts par leurs supérieurs.

Au lieu d’enquêter la police a appelé l’armée.

Alors qu’ils arrêtaient les suspects, les soldats ont saccagé les maisons des parents, « ils ont tout cassé et éventré les sacs de riz et de beurre », a déclaré un parent. « Nous n’avions vu ce genre de brutalité que dans les documentaires télévisés sur l’occupation japonaises. »

Les autorités ont confisqué les photos de Tsering Tso – vérifiant même les téléphones mobiles. Un membre de la famille a montré les cicatrices d’un passage à tabac sur sa tête. Libéré des semaines après, il avait été averti par les autorités de ne pas parler à personne, mais il refuse de se taire.

Il dit qu’un autre parent marche en boitant après avoir été battu; un troisième, un moine bouddhiste, a été battu si fort sur la tête qu’il saignait d’une oreille et n’arrive plus à marcher aujourd’hui. Les membres de la famille qui travaillaient pour le gouvernement ont perdu leur emploi.

La déclaration officiel de la police se contente de dire que 44 personnes ont été invitées à comparaître.

De nombreux Tibétains ont trop peur de dénoncer publiquement ces injustices, mais les communautés autour de Chalong ce sont réunis pour écrire une lettre ouverte sur l’incident. La lettre, d’abord obtenu par Golog Jigme, a été écrite au nom de 700 habitants dans 13 communautés de la région.

Cette lettre commence ainsi: « Ces jours-ci le parti communiste chinois déclarent fièrement qu’ils construisent un Tibet parfait à quel point les tibétains sont libres et heureux en Chine, mais nous n’avons maintenant pas d’autre choix que de montrer au monde un exemple concret de la réalité, des souffrances endurées par le peuple des trois régions du Tibet sous l’oppression chinoise.  »

La lettre se poursuit en expliquant comment les responsables locaux du Parti utilisent la force pour intimider les habitants et se termine par un appel au président chinois d’enquêter et de réparer les injustices.

La campagne internationale pour le Tibet pense que l’incident révèle l’ampleur de l’impunité des fonctionnaires et de la police au Tibet, et le fait qu’il ait fallu si longtemps pour que l’information parvienne au monde extérieur montre à quel point la circulation de l’information est limitée. L’organisation Free Tibet dit qu’il « illustre clairement non seulement la brutalité de la vie sous l’occupation chinoise mais aussi sa nature arbitraire et illogique. »


25 Septembre 2016

Dalaï-lama : les étudiants protestent contre l’auto-censure de Sciences Po

Dans les heures qui suivent la parution de l’article de l’Obs sur l’annulation par Sciences Po d’une conférence prévue de longue date par le dalaï-lama, les étudiants de la grande école échangent des messages consternés.

Dans les heures qui suivent la parution de l’article de l’Obs sur l’annulation par Sciences Po d’une conférence prévue de longue date par le dalaï-lama, les étudiants de la grande école échangent des messages consternés.

« Nous étions stupéfaits », raconte Mateï Ngangue, 19 ans, étudiant de deuxième année :

« On savait depuis juillet par un tweet de la direction que le dalaï-lama allait donner une conférence publique chez nous, que les étudiants pourraient y assister. On était ravis de pouvoir l’entendre en direct. Et soudain, on apprend par la presse que cet événement a été annulé, qui plus est pour des raisons très peu plausibles. Cette histoire d’annulation pour cause de doublon dans l’emploi du temps d’un groupe d’élèves n’est pas sérieuse. Nous sommes choqués par le manque de transparence et d’honnêteté de Sciences Po. »

Pour les amis de Mateï, le dalaï-lama est un personnage universellement respecté pour sa défense des valeurs de dialogue et de paix. Le fait qu’il soit une sommité dans le monde du bouddhisme n’est pas ce qui compte le plus à leurs yeux. Mateï précise qu’il est lui-même catholique et que son intérêt pour le dalaï-lama n’est pas d’ordre religieux :

« Beaucoup d’étudiants de ma promotion voulaient l’entendre parler de ses grands principes, comme celui de la lutte non violente face à la politique chinoise d’envahissement et de destruction culturelle. Cet homme est à lui seul une école d’ouverture et de réflexion. Et nous avons tout à gagner à entendre sa pensée. »

Une action et une pétition

Des messages indignés s’échangent sur Facebook. L’idée surgit spontanément d’un sit-in pour protester contre cette annulation. La page créée sur Facebook pour l’événement enregistre déjà de nombreux participants. Une date est fixée : lundi 19 septembre à 12h15, devant le portail du prestigieux établissement, 27 rue Saint-Guillaume.

« Lundi, le dalaï-lama aura sans doute quitté la France, et il sera trop tard pour annuler l’annulation », reconnaît Mateï. « Mais le but de notre mouvement est d’éveiller les consciences, d’empêcher que de telles choses se reproduisent à l’avenir.Sciences Po doit comprendre que nous tenons au principe de liberté d’expression, que nous sommes opposés à la censure. Et qu’on ne peut nous endormir avec des histoires peu crédibles. »

En attendant le sit-in de lundi prochain, Mateï est en train de rédiger une pétition contre l’auto-censure à laquelle les institutions les plus prestigieuses ont malheureusement tendance à se livrer. Elle sera publiée sur change.org.

Ursula Gauthier


25 Septembre 2016

La Conférence des Groupes de Soutien au Tibet demande à la Chine de reprendre le dialogue pour l’autonomie du Tibet


From left: Master of Ceremony, Aurora Delcroix; Member of European Parliament, Csaba Sogor; Vice President of the German Parliament, Claudia Roth; Sikyong of the Central Tibetan Administration, Lobsang Sangay; Speaker of the Tibetan Parliament-in-exile, Khenpo Sonam Tenphel; and, Secretary of the Department of Information and Internatinal Relations, CTA, Sonam Norbu Dagpo, after the closing session of the Seventh Tibet Support Groups Conference in Brussels, Belgium, on 10 September 2016.

Photo : Lobsang Wangyal

Photo : de gauche à droite : Maître de cérémonie, Aurora Delcroix ; Membre du Parlement européen, Csaba Sogor ; Vice-président du Parlement allemand, Claudia Roth ; Sikyong de l’Administration centrale tibétaine, Lobsang Sangay ; Président du Parlement en exil tibétain, Khenpo Sonam Tenphel ; et le Secrétaire du Département de l’information et des relations internationales, le CTA, Sonam Norbu Dagpo ; après la séance de clôture de la septième Conférence Internationale des Groupes de Soutien au Tibet, Belgique, le 10 septembre 2016.

Par Lobsang Wangyal

BRUXELLES, Belgique, le 10 septembre 2016.

250 délégués issus de 50 pays ont discuté pendant les trois jours de la septième Conférence Internationale des Groupes de Soutien au Tibet à Bruxelles, en Belgique. Ils ont exprimé de vives préoccupations sur l’aggravation de la situation des droits de l’homme au Tibet, en réaffirmant leur attachement à la cause tibétaine jusqu’à ce qu’une solution satisfaisante soit obtenue.

Les membres ont exprimé leur solidarité avec la lutte non-violente du peuple tibétain pour la liberté et pour la restauration de leurs droits fondamentaux. Ils ont également appelé le gouvernement chinois à reprendre sans condition le dialogue avec le représentant du Dalaï Lama et de répondre positivement aux efforts visant à rechercher une solution mutuellement bénéfique grâce à un compromis qui appellerait à une véritable autonomie pour l’ensemble du peuple tibétain.

Les membres ont exhorté les gouvernements à résister à la pression du gouvernement chinois, à savoir, d’approuver la demande de la Chine au Tibet, et de convaincre les dirigeants de la Chine d’abandonner leurs conditions éhontées.

Outre les préoccupations sur la répression de la liberté religieuse et la suppression de l’identité nationale tibétaine et de sa langue sous un régime de plus en plus autoritaire, la conférence a appuyé largement sur la préoccupation quant à l’impact des politiques de la Chine sur l’environnement fragile et vitale à l’échelle mondiale du Tibet. Notamment avec la construction de barrages, les activités minières et le règlement coercitif des nomades, qui tous, exacerbent les impacts du changement climatique au Tibet et dans les régions environnantes.

Saluant la participation des avocats chinois, des universités et des militants des droits de l’homme, la conférence a souligné l’engagement, la compréhension et la solidarité de plus en plus grandissante entre les Chinois et les Tibétains.

Claudia Roth, vice-présidente du Parlement allemand était l’invité d’honneur à la cérémonie de clôture, et a longuement parlé sur l’appui de la cause tibétaine : « Je soutiens le peuple tibétain, je soutiens la résistance non-violente du Tibet, de ma plus profonde conviction et basée sur une compréhension irrévocable des droits de l’homme comme étant le fondement universel et indivisible de toutes nos vies ».

Cette septième Conférence Internationale des Groupes de Soutien au Tibet a été organisée par le Groupe d’intérêt du Tibet au Parlement européen, et co-organisée par la Campagne internationale pour le Tibet, Lumières sur le Tibet, les Amis du Tibet, et la Communauté tibétaine en Belgique.

Le Département de l’information et des relations internationales de l’Administration centrale tibétaine a coordonné la conférence.


19 Septembre 2016


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10 Septembre 2016

D’avantages de suicides en protestation contre la destruction de Larung Gar dans le Sichuan.

Deux nonnes bouddhistes vivant à l’Académie de Larung Gar dans le Sichuan se sont donné la mort. Ces suicides font suite à un autre ayant eu lieu en juillet pour protester contre la destruction d’une grande partie du centre d’éducation du bouddhisme tibétain. Une autre femme avait attenté à ses jours mais elle fut sauvée in extremis par ses proches, selon des sources tibétaines.

Plusieurs milliers de Tibétains et de Chinois Han étudient aux alentours de l’académie de Larung Gar qui fut fondée en 1980 par feu Khenpo Jigme Phuntsok, c’est aujourd’hui l’un des plus larges et plus importants centre d’enseignement du Bouddhisme Tibétain.

Tsering Dolma, alors dans sa vingtaine, s’est pendue le 17 Août « lorsqu’elle ne pouvait plus supporter la souffrance de voir la destruction de Larung Gar, » rapporte à Radio Free Asia une source vivant dans le quartier. « Elle a laissé derrière elle une lettre d’adieu exprimant sa détresse face à la destruction de Larung Gar et que les chinois ne les laisseraient jamais en paix. »

Dolma était originaire de Mewa dans le Marthang, une ville du district de Ngaba dans le Sichuan qui dépend de la préfecture autonome du Tibet. Peu de temps avant sa mort, Dolma était « déprimée et inquiète » avec pour cause la destruction de milliers d’habitations de l’académie par les autorités chinoises, selon une source anonyme qui s’est confiée à RFA.

« Elle s’est alors pendue », poursuit la source.

Une autre nonne du nom de Semga native du village de Dowa dans le comté de Dzamthang dans le Ngaba s’est également donné la mort il y a peu, cependant les détails de son décès sont pour l’instant inconnus. Une troisième nonne a attenté à ses jours mais « ses proches sont intervenus pour empêcher son acte » nous confie la source.

Ces morts font suite au suicide de Rinzin Dolma qui eut lieu le 20 Juillet. Cette nonne mit fin à ses jours lorsque les ouvriers chinois commencèrent à détruire les habitations des moines et des nonnes de Larung Gar pour réduire ce que les autorités appellent la surpopulation de Larung Gar.

Des ordres venus d’en haut

L’objectif des autorités est de réduire la population de Larung Gar de moitié, pour un maximum de 5000 personnes. Mais cette décision ne vient pas du comté mais de plus haut, « avec le président chinois ayant porté son attention sur la question » nous rapporte RFA dans d’autres articles.

Les autorités chinoises ont posté des gardes armés aux alentours du site de destruction et menacent que toute tentative de résistance ou de protestation conduira à une arrestation et à une incarcération, nous confesse une source. Des gardes armés sont également postés dans les secteurs voisins.

Informé par les proches de Dolma de sa mort, les membres du comité de gestion nommés par les officiels de Larung Gar ont, dans un premier temps, refusé de se pencher sur le cas puis on tenté de réclamer le corps nous informe RFA.

« Ils ont dit que leur devoir se limitait aux instructions officielles qui étaient de veiller au bon déroulement des démolitions et qu’ils ne pouvaient être tenus responsables de la mort de quiconque. »

A ces paroles, les nonnes se mirent à se « lamenter dans la douleur ».

Des groupes supportant les droits de l’homme ont pointé du doigt la décision gouvernementale de détruire Larung Gar, avec entre autres l’association New Yorkaise Human Rights Watch (HRW) qui revendique que Beijing devrait laisser les Tibétains décider de la façon dont ils désirent vivre leur religion.

La directrice de HRW Chine Sophie Richardson a déclaré que « Si jamais les autorités pensent qu’il y a un problème de surpopulation dans les habitations de Larung Gar la solution est simple »

« Il faut autoriser les Tibétains et les autres Bouddhistes de construire plus de monastères. »


10 Septembre 2016

Conversation avec Gade, artiste tibétain, sur l’art contemporain au Tibet.

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Traduction par High Peaks Pure Earth d’un entretien avec Gade, artiste contemporain tibétain très en vue. Entretien réalisé par l’association artistique et culturelle « Sweet Tea House » de Lhassa le 26 juillet 2016, et publié le 29 juillet.

Gade y parle de l’aventure commune dans laquelle il s’est lancé avec son ami artiste Nortse, le « Scorching Sun Art Lab » (Laboratoire artistique Le Soleil brûlant) à Lhassa. Il raconte comment le nom de ce laboratoire artistique est venu de l’exposition d’art contemporain tibétain « Scorching Sun of Tibet » (Le soleil brûlant du Tibet) qui s’est tenu à Pékin en 2010.

Le « Scorching Sun Art Lab »  appartient à une poignée d’espaces de création artistique indépendants à Lhassa depuis la fondation en 2003 du Gedun Choephel Artists’ Guild (Collectif des artistes indépendants Gedun Choephel). A ce sujet, lire les réflexions de Clare Harris, professeure à Oxford, sur la participation du Tibet à l’infrastructure artistique.  Sans oublier l’entretien avec la jeune photographe de Lhassa Nyema Droma qui a ouvert  son propre espace, l’Hymaalaya Studio

Comme une fleur brisée qui s’épanouit dans les fissures : conversation avec Gade, artiste tibétain,  sur l’art contemporain au Tibet.

Par Sweet Tea House, Lhassa
Invité : Gade.

Entretien conduit par Tsesung Lhamo, le 26 juillet 2016, au Scorching Sun Art Lab.

1 – Tout d’abord, j’aimerais en savoir un peu plus sur vous-même. Comment êtes-vous venu à l’art?

– Tout petit déjà, j’aimais dessiner et peindre. J’ai toujours pensé que je deviendrais peintre, mon but a toujours été très clair, et j’ai eu la chance, au tout début de ma carrière, de rencontrer un bon enseignant. J’ai oublié qui l’a dit, mais « Heureux celui ou celle qui a réalisé ses rêves d’enfant ». J’ai le sentiment d’être vraiment heureux, j’ai toujours fait ce que j’aimais le plus au monde.  Mes remerciements vont à trois professeurs : M. Han Shuli, M. Yu Xiaodong, et M. Li Xianting. Ils m’ont prodigués les conseils les plus importants et les plus efficaces de ma vie artistique à périodes cruciales. Quand je reviens sur mes œuvres passées, j’ai honte de dire que j’ai été leur élève.

– En tant que l’un des représentants de l’art contemporain tibétain, comment définiriez-vous « l’art contemporain » ?

– Je ne représente que moi (rires). L’art contemporain est « vérité » ! La définition de l’art contemporain n’est pas vraiment liée au temps. En d’autres termes, on ne peut pas dire qu’une œuvre d’art produite de nos jours appartient nécessairement à l’art contemporain. C’est avant tout une approche artistique et une perspective culturelle. Confronter sincèrement ses propres expériences immédiates, ses sentiments et son environnement quotidien, voilà l’approche la plus importante des artistes contemporains. Nous devons rendre compte des choses, des évènements auxquels nous avons eu à faire face. Nous devons traduire la situation telle qu’elle est réellement. Autrefois, nous n’aurions jamais dépeint nos propres expériences de vie parce que c’était trop subjectif. Par exemple le Tibet, qu’est ce que c’est, le Tibet?  Chacun en a une idée et une expérience différentes, et ce sont précisément ces différents éléments qui constituent le Tibet. Ce ne sont pas simplement « les nuages blancs dans le ciel bleu », « les montagnes enneigées et les pâturages » ou « les magnifiques temples bouddhistes ». Notre génération est profondément détachée de sa culture et de sa langue maternelle. Après avoir été coupés de notre langue maternelle, orale et écrite, et aussi de notre culture et de notre histoire,  pouvons-nous vraiment dire que nous représentons le Tibet ? Au début, je peignais un Tibet désorienté, je contribuais à le « Shangri-la-iser », je l’essentialisais, mais ensuite j’en suis venu petit à petit à penser que tout cela était une imposture. La « stigmatisation » du Tibet est une mauvaise chose, mais c’est encore pire quand ce sont le Tibétains qui « stigmatisent » le Tibet. Nos œuvres d’art sont totalement étrangères à votre vie et à la mienne. C’est pourquoi l’art contemporain m’a fourni une tribune. C’est un outil que je peux utiliser pour m’approcher au plus près de la vérité.

– Mais il existe toujours des éléments traditionnels dans les techniques adoptées par les artistes contemporains, non ?

–  Oui, cela a toujours été vrai dans mon cas. J’ai toujours essayé d’introduire des apports issus de l’art traditionnel tibétain dans un contexte artistique contemporain. Je suis toujours émerveillé par l’art tibétain traditionnel. L’attention aux détails apportée par ces techniques et la capacité à créer des récits demeurent absolument fascinantes. Ces éléments ne sont pas aussi importants dans l’art chinois ou occidental, et je souhaite vraiment poursuivre cet art complexe de la narration parce que cela m’aide à exprimer mes intentions.  L’origine en est un ancien système linguistique, le prétendu « système de langue maternelle » de l’art tibétain, duquel émane une grande vitalité, à ceci près qu’il a été brisé et  qu’il n’a jamais été entièrement ravivé. L’histoire de l’art d’une culture nous montre que l’évolution de l’art commence et se développe toujours à partir de ses propres racines culturelles. C’est la raison pour laquelle l’art contemporain tibétain ne doit en aucun cas chercher à recréer l’art contemporain occidental.   Il a son propre langage et son propre système de valeurs.

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« Little Red Book series (Série Le Petit Livre Rouge)  n°22 », 2015

– En 2003 vous avez collaboré avec d’autres artistes locaux, et vous avez été à l’initiative de la « Gedun Choephel  Artists’ Guild » (le collectif artistique Gedun Choephel), d’où vient le choix de ce nom ? Parlez-nous de l’ambiance artistique de l’époque et du regard de la société sur l’art contemporain.

– Gedun Choephel était quelqu’un de super. Il est difficile de croire qu’un Tibétain aussi  non conformiste ait pu exister en ces temps-là. Beaucoup de ses idées seraient considérées comme révolutionnaires et d’avant-garde encore maintenant.  A mes yeux, il est l’instigateur de l’éveil artistique et culturel du Tibet.  Pour nous, c’est un symbole, un guide spirituel. Son nom est tellement en accord avec ce que nous sommes.

Il règnait encore une bonne ambiance artistique à Lhassa  à cette époque. Ce n’était pas encore aussi commercial. On était jeunes et passionnés, on se retrouvait   pour s’amuser. Il y avait un bon esprit artistique et aussi un grand degré d’acceptation dans la société. WeChat n’existait pas encore, vous savez, haha … Peu de gens nous connaissaient, la plupart de ceux qui venaient aux expositions faisaient partie de nos proches, ils savaient à quoi s’attendre. De nos jours, en revanche, la manière dont tout circule via WeChat et Weibo est passablement effrayante. Tout le monde est au courant de tout, et il est très facile de devenir extrêmement populaire. Mais on est aussi confronté à tant d’avis et d’opinions, voire d’attaques et d’insultes de la part de nos concitoyens tibétains. Je n’ai jamais connu cela dans le passé, mais je m’y suis habitué. On se fait même agresser parce qu’on mange chez KFC, pas vrai ?!

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« Making Gods » (Nouveaux dieux), 2011. « J’aimerais vraiment savoir  à quoi ressemble un Tangkha dépourvu de signification religieuse. Par ailleurs, à l’heure de la mondialisation, les divinités vraiment utiles ne sont pas celles  que l’on trouve dans les temples, mais celles qui nous sont apportées par la culture dominante mondiale. Il existe toute sorte de « divinités extérieures » et c’est pourquoi j’utilise divers symboles culturels du monde entier pour créer cette nouvelle divinité. »

– Peut-on voir l’actuel « Scorching Sun Art Lab » comme le prolongement de la Gedun Choephel Artists’ Guild ? Quels éléments perdurent et où est la nouveauté ?

– Oui, on peut parler de prolongement. « Gedun Choephel » existe depuis 13 ans, mais toujours comme un groupe plutôt informel. Certains membres ont fini par être en désaccord au fil du temps, et quand il y a trop d’opinions divergentes, il devient difficile de faire quoi que ce soit. C’est pour cela que Nortse a voulu un espace artistique indépendant pour donner corps à certaines de ses idées sans avoir à consulter d’abord tout le monde. Il voulait mon soutien, ce qui nous a conduits à nous lancer dans le « Scorching Sun Art Lab ». Mais bien évidemment nous resterons toujours, l’un comme l’autre, membre de « Gedun Choephel ». En fait, la première exposition que nous avons organisée au « Scorching Sun » s’intitulait  « Gedun Choephel Artists’ Guild 13th anniversary exhibition » (L’exposition du 13ème anniversaire de la Guilde des Artistes Gedun Choephel). « Scorching Sun » n’est pas qu’une plateforme pour l’art contemporain tibétain, nous espérons qu’il soit le creuset pour un plus large éventail d’idées. Nous ne voulons pas non plus que « Scorching Sun » devienne trop grand ni trop commercial. « Gedun Choephel » accueille de nombreux artistes professionnels, et il est inévitable que les expositions soient commerciales. Le marché nous force à faire des compromis. « Scorching Sun » est petit, sans beaucoup de frais. Il est installé là où nous habitons. On ne subit donc pas la pression du loyer à payer, et cela nous permet de faire tout ce dont nous avons envie. Cela nous donne davantage de liberté.  Quand Nortse et moi décidons de faire quelque chose, nous le faisons, et si on se fourvoie, cela n’impacte pas les autres membres du groupe. « Scorching Sun » n’est pas uniquement un espace permettant aux artistes membres d’exposer leur travail, c’est aussi un lieu ouvert aux jeunes artistes. Nous leur fournissons un espace et nous les aidons à se faire connaître. Nous acceptons toutes les bonnes créations.

Notre volonté est de maintenir des critères d’exigence élevés, même si cela implique de ne faire qu’une seule exposition par an.  Si le niveau est trop bas, on préfère s’abstenir. Et si  nous choisissons de ne pas ouvrir nos portes, cela n’entraîne pas de perte. Donc ce lieu nous donne l’occasion d’exposer des œuvres d’art tout à fait exceptionnelles, à  la fois plus expérimentales et plus avant-gardistes. Dans le même temps, nous espérons que des artistes chinois, voire internationaux passent y donner des conférences, et y viennent en résidence pour peindre ou exposer leurs œuvres. C’est une opportunité pour encourager la communication entre différents artistes contemporains. Pour cela, nous nous sommes assuré le soutien de Liao Wen. Grâce à son aide nous sommes déjà parvenus à coopérer avec dix associations d’artistes contemporains. Et petit à petit, nous favorisons une communication et une collaboration plus étroites entre les artistes chinois et tibétains. Mais pour l’instant, nous en sommes toujours au stade des tentatives. Le projet tout entier repose sur Nortse et moi. C’est nous qui le finançons. L’idée nous plaît à tous les deux, c’est pour ça qu’on le fait. Comme je dis toujours, si vous n’attendez  rien, vous ne serez pas déçu. Nous n’avons jamais sollicité de subventions auprès de fondations. Ça a toujours été uniquement nous deux. Il est difficile de dire combien de temps nous allons pouvoir tenir. Aussi longtemps que possible, j’espère.

– Avez-vous jamais envisagé  un prix d’entrée pour les expositions ou une demande de financement extérieur ?

– Toutes nos expositions sont gratuites pour le public. Nous avons songé à demander une aide financière extérieure pour continuer à faire vivre ce lieu, mais nous n’avons aucune motivation commerciale. Notre souci, c’est qu’accepter de l’argent d’autres sources, reviendrait à nous poser des limites et à compromettre notre degré de liberté. C’est pour cette raison que nous restons  extrêmement prudents vis-à-vis d’une aide financière extérieure.

– D’où vient le nom  de « Scorching Sun » ?

– « Scorching Sun » est la transcription du mot tibétain ཉི་བཀྲག (nyi bkrag, qui signifie soleil brûlant). C’est Nortse qui l’a trouvé. A l’origine, j’avais suggéré qu’on prenne simplement le nom de « Scorching Sun » en référence à notre précédente exposition « Scorching Sun of Tibet » qui avait rencontré un grand succès. Elle avait marqué profondément nombre de gens en Chine, et j’ai pensé que ce serait une bonne idée de continuer à utiliser le nom. Mais Nortse voulait lui donner un « parfum plus tibétain », alors on a utilisé “nian zhe” (念者) qui est la traduction chinoise du tibétain. Mais aucun des caractères n’a de signification particulière.

 

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The new Scriptures: A recipe for hui guo rou »(Les nouveaux Textes saints : la recette du hui guo rou) 2005

 

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« The new Scriptures: An end-of year resumé of van Gogh » (Les nouveaux Textes saints: travail  de fin d’année sur van Gogh) 2005

– 2016 marque le 13ème anniversaire de « Gedun Choephel » et en même temps la naissance du « Scorching Sun Art Lab ». Pour votre première exposition dans ce nouveau lieu, vous aviez choisi pour thème « Journey from the Heart » (Un voyage dicté par le cœur), pourquoi ce thème ?

– Comme je viens de le dire, je souhaite que les œuvres exposées dans cet espace puissent exprimer les vérités et les idées les plus intimes, émanant du cœur. Nous refusons l’artificiel.  En fait,  peu importe que ce soit « Scorching Sun Art Lab » ou « Gedun Choephel », le principe fondateur de l’art contemporain se doit d’être : la vérité! Au cours des treize dernières années, nous avons fantasmé sur les changements que l’art pouvait apporter, mais en fin de compte, la vérité nous ramène toujours à la réalité. Dès lors, nous ne faisions que régresser. Nous travaillions dur, mais dans la mauvaise direction. A un niveau différent, le thème avait un autre sens, à savoir celui d’un nouveau départ,  d’une nouvelle direction.

– Concernant la peinture tibétaine, les gens ont souvent l’impression qu’elle se limite aux Tangkha et aux peintures murales dans les monastères, mais vous et d’autres artistes contemporains utilisez des techniques modernes pour transmettre la culture traditionnelle tout en étant le reflet de la société contemporaine. En un sens, vous comblez une lacune dans l’art tibétain en vous exprimant et en ajoutant une certaine modernité. J’aimerais donc vous entendre sur l’état actuel de l’art contemporain tibétain, et aussi son avenir.

La situation actuelle n’est pas idéale. Premièrement, l’environnement général n’est pas bon, et puis le marché de l’art contemporain s’effondre. Il est loin d’être aussi porteur qu’en 2008 quand il prospérait. Beaucoup d’artistes s’y essaient, tout en se lançant dans d’autres domaines artistiques aux marchés plus prometteurs. Et on ne peut pas leur en vouloir. Mais il faut aussi voir le côté positif dans la mesure où cela fait battre en retraite les opportunistes. Ne restent que ceux qui aiment cette profession et y sont attachés. C’est un processus de nettoyage, et c’est plutôt bien.  Quant à l’avenir, je me sens bien incapable de le prévoir.

 

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A Million Questions, 2011, installation.

– Je me suis laissé dire que vous aviez signé un contrat avec la célèbre galerie Rossi & Rossi qui collectionne les œuvres d’art en provenance des Himalayas? Pouvez-vous nous en dire plus sur votre relation ?

Rossi & Rossi sont des collectionneurs et des marchands d’art spécialisés dans l’art bouddhiste tibétain traditionnel. C’est mon ami américain Ian, qui m’a présenté à Fabio Rossi. La première œuvre d’art contemporain qu’il ait acheté, c’était l’une des miennes. Par la suite, il a créé un espace pour promouvoir l’art contemporain du Tibet. Rossi & Rossi est la principale galerie au niveau national et international à promouvoir l’art contemporain tibétain de manière systématique. Il y a deux ans, ils ont ouvert une galerie à Hong Kong. Grace à Rossi, je n’ai plus à me préoccuper  de savoir si je peux vivre de ma peinture.

– Il n’y a qu’un très petit nombre d’artistes célèbres, la plupart sont en fait méconnus et ne parviennent jamais à réaliser leur rêve de leur vivant. Vincent van Gogh, par exemple, a eu une vie difficile, mais il est devenu immensément populaire après sa mort. Comment voyez-vous les relations entre art et business ?

On ne peut pas s’attendre à  faire de l’argent immédiatement grâce à la peinture. Mais on ne devrait pas croire non plus qu’un artiste doive mener une vie de privation. Les bons artistes seront toujours reconnus par le marché, et ils auront une certaine valeur. Je ne pense pas que l’art et les affaires soient contradictoires. Il existe des artistes particulièrement vertueux qui évitent tout contact avec le marché, tandis que d’autres courent après l’argent. A mon avis, les deux extrêmes sont contestables. Amis artistes, acceptez  le jugement de valeur. C’est normal. Si Michel-Ange, par exemple, n’avait pas été soutenu par les Médicis, il manquerait des œuvres d’art inestimables au patrimoine artistique de l’humanité. On ne peut pas toujours utiliser van Gogh comme preuve que les artistes devraient considérer l’argent comme sale, qu’ils devraient être malheureux et se couper l’oreille !

 

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– Vous exposez votre travail au Tibet, en Chine et à l’étranger. En tant qu’artiste, quel est votre endroit préféré ?

– Je suis allé dans très peu d’endroits, et en ce moment je ne peux aller nulle part. Mes choix son donc limités. Heureusement, j’ai eu la chance d’aller au Népal il y a de nombreuses années, et donc j’aime le Népal. J’ai eu le sentiment d’être chez moi parmi ces vieilles rues et ces vieux temples, et j’aimerais y habiter de manière permanente.

– Et Lhassa ? Que pensez-vous de la vie culturelle à Lhassa ?

– Parce que Lhassa a une vie culturelle ? (Rires) Je ne suis pas allé dans une boîte de nuit depuis des lustres (rires), je ne connais rien à la vie culturelle et à la scène artistique de Lhassa.

– Cela en fait partie, non?

– Haha … Nous l’espérons, mais cela ne sert pas à grand-chose. Quelle que soit la qualité de l’exposition,  les gens la regardent et l’oublient aussitôt. Peu importe l’intérêt  de l’évènement, les gens ne s’en souviennent que pendant une semaine. Dans quelle mesure une exposition peut-elle être inoubliable?

– De toutes les expositions que vous avez organisées, quelle est celle qui vous a le plus marqué ?

– Sans conteste, « Scorching Sun in Tibet » en 2010. Elle avait été conçue  par l’un des plus grands artistes contemporains chinois, M. Li Xianting. Il était important que quelqu’un comme lui, universitaire de renom, faisant autorité et appartenant au courant dominant, s’intéresse à l’art contemporain tibétain. Ce fut une exposition fondamentalement différente des précédentes ayant aussi eu pour thème le Tibet, à la fois en terme de perspective et de présentation. Le monde a toujours soit admiré soit ignoré l’art tibétain, mais il n’a jamais été traité sur un pied d’égalité. Il n’a jamais été vu comme faisant partie d’un quelconque courant artistique, mais au contraire marginalisé, étiqueté comme culture ethnique et considéré comme exotique. Je trouve que c’est là une attitude culturelle inégalitaire.  Aussi le fait que « Scorching Sun in Tibet » permette de voir et d’étudier notre travail d’égal à égal a représenté une étape importante dans l’histoire de l’art contemporain chinois.

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« Ice Buddha » (Bouddha de glace) 2016

– En 2006, vous aviez installé une statue de Bouddha sculptée dans de la glace sur la rivière de Lhassa, et vous aviez pris des photos pour rendre compte  de sa fonte progressive. Plus récemment, vous avez recréé cette statue de glace au pied du Mt Kailash, sur la rive du lac Mapham Yutso. D’où vous est venue l’inspiration pour ce Bouddha de glace ? Et pourquoi la recréer à Ngari ?

– J’ai trop parlé de ce Bouddha de glace, les gens m’appellent même « l’artiste au Bouddha de glace » (rires). Ainsi, dans le domaine de l’art, on ne peut vraiment pas se surpasser. Si vous avez produit quelque chose de très bien, et que vous vouliez produire quelque chose d’encore meilleur,  c’est pratiquement impossible. Cela peut devenir extrêmement pénible de devoir toujours vivre dans l’ombre de soi-même. L’idée derrière cette statue était de représenter la notion bouddhiste de réincarnation. De rien à quelque chose, puis retour au néant. L’eau se change en glace, et la glace redevient eau petit à petit. C’est une sorte de réincarnation. Au fur et à mesure qu’elle fond, la forme ne cesse de se modifier, c’est la marque de l’impermanence. Mais bien évidemment il existe de nombreuses autres interprétations de cette œuvre. L’artiste n’est rien d’autre que le créateur, mais l’interprétation revient au public. L’artiste n’est pas le seul à détenir le pouvoir d’interprétation sur son travail.

Je croyais que cette œuvre symbolisait le réchauffement climatique.

– Oui, on peut la voir comme figurant la protection de l’environnement, c’est la nature des œuvres d’art. Les gens sont différents, ils voient des choses différentes. Le Bouddha de glace porte à interprétation. Quant à savoir pourquoi je l’ai recréé, eh bien, à l’origine, j’aurais voulu faire une vidéo pour saisir le processus de fonte, mais je ne disposais pas de la technologie à l’époque. En plus, j’ai une certaine tendance à la procrastination, et je n’ai jamais réussi à m’y remettre. Dix ans se sont écoulés depuis, comme ça, en un clin d’œil. C’est effrayant quand on y pense. Il y a aussi le fait que j’ai toujours voulu mettre un Bouddha de glace auprès de chaque rivière importante et lac sacré du Tibet. J’ai donc décidé d’en mettre un sur les rives du lac Mapam Yutso.

 

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« Prayer beads series. Heart » (Série Les Mala, Cœur) 2015

– Pour terminer, j’aimerais savoir de quelle œuvre vous êtes le plus satisfait, laquelle vous a donné le plus de difficulté, et laquelle à été la plus simple à réaliser ?

A chacune des étapes de ma carrière artistique, j’ai produit différentes œuvres dans différents styles dont je suis tout à fait satisfait. Précédemment, en 1997, il y a eu « Spirit Beings on a Yak Hide Raft » (Esprits sur un radeau en peau de yak) en mémoire de ma mère. J’étais vraiment content de cette toile, et je ne m’en suis jamais séparé. Je n’ai jamais voulu la vendre. Ensuite, il y a eu la  » New Scriptures series » (la série des nouveaux Textes saints) à partir de 2010, une collection de 108 œuvres qui devrait plutôt s’appeler « Fake Scriptures » (Faux Textes saints). J’ai utilisé des techniques de dessin traditionnelles pour l’ensemble,  mais j’ai complètement changé le contenu des textes en y incluant par exemples des SMS ou des histoires populaires. Vu de loin, on dirait un ouvrage ancien, mais de près, cela devient quelque chose de totalement nouveau. C’est comme le Tibet. Pour beaucoup de gens, la première impression est celle de vieux symboles mystérieux, mais une fois que l’on y habite, on se rend compte qu’il a totalement changé et qu’il n’est pas si différent du reste de la Chine.

« The Ice Buddha »  est encore une œuvre dont je suis content.  Ensuite, la série d’installations intitulée « Making Gods », avec « The prayer wheel » (le moulin à prières), « the white book » (le livre blanc), ou « the black Scriptures » (les Textes noirs)… la série des Mala, plus récemment, en est une autre. J’ai utilisé des Mala pour réaliser un cœur et un soleil. Je trouve intéressant de travailler à partir des Mala. Ils concentrent les prières des gens, leurs espoirs. Prendre un Mala, c’est comme entrer en communication directe avec Bouddha. C’est comme pour le téléphone portable, quand on ne l’a pas avec soi, on a le sentiment d’être sur une île déserte. Quand on tient un Mala dans la main, on se sent en sécurité. C’est pourquoi j’ai décidé d’en faire quelque chose. Je trouve qu’ils ont une signification profonde. En fait, j’ai commencé à les utiliser il y a trois ans, et j’ai produit vingt compositions, mais je ne suis vraiment satisfait que de trois ou quatre.

L’œuvre la plus difficile a été une série de tableaux que j’ai réalisée voilà deux ans. J’ai passé six mois à peindre 12 heures par jour jusqu’à « vomir du sang ». J’ai eu recours à beaucoup de techniques différentes utilisées pour les Thangka. C’était vraiment pénible pour les yeux. J’ai pris conscience à quel point la vie des  maîtres du Thangka devait être dure. Alors la prochaine fois que vous achetez un Thangka, oubliez l’idée même de marchander (rires). Depuis peu, je cherche à peindre des œuvres plus petites, je ne veux plus me créer de problèmes. Je vieillis, vous savez … ha haha. Finalement la « Bodhi  Leaves series » (la série des feuilles de l’arbre de la Bodhi) a été plutôt relaxante. Je pouvais en faire jusqu’à une par jour. Quand une idée me venait, je peignais, sinon je laissais de côté. Mais c’est important que ce ne soit pas si contraignant. J’envisage d’arriver à une série de 108 feuilles de l’arbre de la Bodhi.

– Bien, nous sommes arrivés au terme de cet entretien. Un grand merci pour votre temps. J’ai été ravi de parler de l’art contemporain du Tibet avec vous, et j’espère de tout cœur que davantage de gens suivront votre groupe et l’art contemporain tibétain.

– C’est moi qui vous remercie, ainsi que « Sweet Tea House ».


10 Septembre 2016

DHARAMSALA : Le Dalaï Lama en route pour Bruxelles, Paris, Strasbourg et Wroclaw pour rencontres et enseignements

Aujourd’hui, Sa Sainteté le Dalaï Lama a quitté son domicile d’exil à Dharamsala pour une visite de 18 jours en Europe.
Des rencontres et des conférences sont prévues à Bruxelles, Paris, Strasbourg et Wroclaw. Il rencontrera également les Tibétains vivant dans ces pays.
Dans une semaine, Sa Sainteté viendra à Paris. Sa dernière visite à Paris date de 2009, il y avait alors également reçu la «citoyenneté d’honneur » de la Ville Lumière. La communauté tibétaine, les bouddhistes et les personnes touchées par le message universel du Dalaï Lama sont impatients de l’accueillir à Paris et en France. Sa Sainteté sera officiellement reçue par le groupe Tibet au Sénat. La ville de Paris accueillera-t-elle aussi Sa Sainteté avec les honneurs dus à un prix Nobel de la paix? Une rencontre avec les membres du gouvernement français aura-t-elle lieu ?
 
 
La pression du gouvernement chinois créera-t-elle des obstacles ?
Comme à chaque visite du leader tibétain, la Chine gardera forcément un œil sur les activités et les rencontres du Dalaï Lama. Bien sûr, Pékin sera en colère et dira que rencontrer le Dalaï Lama est une «ingérence dans les affaires intérieures de la Chine », oubliant opportunément qu’il est Tibétain. Il y aura des menaces de conséquences économiques, etc. Et malheureusement, dans le passé, la France et d’autres nations européennes ont cédé aux machinations chinoises.
Cela sera-t-il différent cette fois?
L’étude a montré que, bien que Pékin puisse menacer de « conséquences désastreuses », une rencontre avec Lui n’a pas d’effet perceptible sur le commerce avec la Chine. En ignorant Pékin, nous devons envoyer le message clair d’une communauté internationale qui ne veut pas se plier face au pouvoir économique de Pékin mais plutôt rappeler à la Chine que le dialogue et la solution pacifique à la résolution de conflits est la seule façon pour la Chine de gagner le respect de la communauté internationale.
La réponse sera aussi le reflet de notre société et l’avenir que nous voulons construire pour les générations à venir. Pour moi, la façon dont nous traitons le plus célèbre refugié de notre monde en dit plus sur nous que sur Lui. Comme l’a dit Sa Sainteté: «Il ne suffit pas de simplement parler de paix, mais ce qui est plus important est de travailler tous les jours à créer une société plus pacifique. »
Nous avons besoin d’entendre quelqu’un comme le Dalaï Lama, qui a consacré toute sa vie à promouvoir la compréhension et créer un lien entre les diverses communautés, religions et pensées. La visite du Dalaï Lama en France survient aussi après la vague d’attaques terroristes en France, en Belgique et dans d’autres pays européens – une époque très tendue. Aujourd’hui, plus que jamais, nous avons besoin de nous voir rappelé qu’il existe une autre réalité possible – pour créer un avenir meilleur pour l’humanité en n’ignorant pas cet Homme de Paix, mais en célébrant Sa présence parmi nous.

10 Septembre 2016

Les infirmiers tibétains pourront désormais travailler en Inde

Les Tibétains diplômés d’un Institut agréé de formation en soins infirmiers pourront désormais être inscrits à l’Ordre et exercer en Inde, en vertu d’une communication en date du 9 août 2016, émanant du Ministère de la Santé et de la Protection de la Famille du Gouvernement indien, à New Delhi et adressée au Cabinet de Sa Sainteté le Dalai Lama.

Le Cabinet   avait précédemment sollicité le Ministère indien, le 3 mars 2016, afin qu’il lui apporte son aide pour résoudre les problèmes soulevés par le défaut de possession d’acte de naissance et rencontrés par les infirmiers tibétains dans l’Etat d’Uttarakhand.

Il y a de cela plusieurs années, le Conseil de l’Ordre indien des Infirmiers était revenu sur sa décision interdisant aux infirmiers tibétains et à ceux originaires d’autres pays d’Asie du Sud de travailler en cette qualité, après que soit intervenue une décision judiciaire, précisant que les Tibétains nés en Inde avant le mois de juillet 1987, ainsi que leurs descendants, étaient des citoyens indiens. Il était cependant exigé des Tibétains qu’ils produisent leurs actes de naissance afin de pouvoir prétendre à l’invocabilité de cette disposition.

M. Shri CK Mishra, Ministre de la Santé et de la Protection de la Famille, vient de déclarer par écrit : « Je souhaiterais vous informer que le Conseil de l’Ordre indien des Infirmiers s’est prononcé sur ce sujet et a autorisé l’inscription à l’Ordre d’infirmiers tibétains ayant acquis leur diplôme dans un de ses instituts agrées de formation en soins infirmiers ».


10 Septembre 2016

Des régions tibétaines du Qinghai touchées par la grêle et des inondations

Des régions à population tibétaine, dans les provinces du Qinghai et du Gansu, au Nord-Ouest de la Chine, ont été frappées par des orages de grêle et des pluies torrentielles, balayant maisons, voitures et bétail sur leur passage, selon notre source.
Le Comté de Themchen (en chinois Tianjun), au Qinghai, a subi des dégâts particulièrement importants lorsqu’un orage a soudainement ruiné un village nomade du Comté de Yangkan, d’après un correspondant local du service tibétain de RFA (Radio Free Asia).
Une famille a tout perdu, explique cette source sous couvert d’anonymat.
« Ils ont perdu leurs maisons, voitures et plus aucune bête comme moyen de subsistance. »
Deux jours plus tard, des bergers nomades des villages de Dadul et Luwang, dans le conté de Thekphang, ont été surpris par un violent orage en plein pâturages avec leurs troupeaux.
« Ils se sont retrouvés bloqués dans une vallée sans aucune possibilité de regagner leur domicile, mais les équipes de sauvetage sont venues les récupérer par bateau ce 22 août 2016»
« La veille, un déluge de grêlons, gros comme des oeufs, a fait voler en éclats pare-brises et toitures. La tempête n’a duré que quelques secondes mais les dommages ont été très importants. »

LES MOINES À LA RESCOUSSE.

Ce 22 août, des trombes d’eau se sont abattues également près du monastère de Labrang, au Gansu, inondant les parties basses du Cmnté de Sangchu (Xiahe) dans la Préfecture Autonome Tibétaine de Kanlho (Gannan).
« Le trafic routier a été interrompu pendant deux heures, entre la ville de Sangkok et Labrang, suite aux inondations et glissements de terrain » commente notre source, ajoutant: « Les autorités locales ont dépêché des sauveteurs et du matériel de secours vers les habitants de cette région, appuyés par les moines de Labrang, venus prêter main-forte. »
« Des logements d’accueil autour du monastère ont été mis gratuitement à la disposition des victimes des inondations. »
Une autre source locale de RFA précise : « Dans Xining, la capitale régionale du Qinghai, un grand nombre d’automobiles a aussi été emporté, le même jour, par d’importantes inondations.»
Le flot les ont balayées en se déversant, suivi d’une autre vague qui les a charriées à nouveau.
D’autres localités du Comté de Luchu (Luqu), dépendant de Kanlho, cette Préfecture du Gansu, ont été endommagées par des inondations similaires.

4 Septembre 2016

Un formidable accueil pour Jangkho, moine tibétain emprisonné aprèà sa ville natale



Après sept ans et demi passés en prison, Jamyang Phuntsok connu sous le pseudonyme de Jangkho, 41 ans,  vient d’ être libéré ce 2 septembre 2016 de la Prison Mianyang, située près de la ville de Chengdu, capitale du Sichuan. Il fut l’un des premiers Tibétains à être arbitrairement retenu et sa condamnation était en rapport avec une auto-immolation.

Jangkho, un moine au Monastère local de Kirti, a été arbitrairement retenu dans la nuit du 3 mars 2009, deux jours après qu’un autre moine tibétain,  Tapey, se soit immolé, ce qui fut le premier sacrifice enregistré  au Tibet, en signe de protestation. Tapey avait  réchappé à son sacrifice, le 27 février 2009, mais de graves  brûlures avaient nécessité des soins chirurgicaux importants. À l’époque, les médias chinois avaient prétendu que Jangkho avait divulgué des informations relatives à l’ auto-immolation de Tapey et partagées illégalement avec des étrangers. Les médias d’ Etat chinois déclaraient que Jangkho avait inventé un faux témoignage, relatant que les forces de sécurité chinoises avaient tiré sur Tapey alors qu’ il était déjà en feu.

Cependant des informations complémentaires reçues par TCHRD prouvent cependant  que Tapey avait probablement  été blessé par balles, tirées dans les jambes, malgré le feu qui le dévorait. reniant ainsi la thèse chinoise prétendant que  Jangkho avant menti.

http://www.tibet.fr/actualites/un-formidable-accueil-pour-jangkho-moine-tibetain-emprisonne-aprea-sa-ville-natale/


4 Septembre 2016

Le Toit du Monde s’écroule

La Lumière du Tibet n’en finit pas de vaciller dans les Ténèbres de la folie chinoise.

Monastères truffés de caméras et de micros, policiers chinois déguisés en moines, moines fonctionnaires payés par le Gouvernement chinois, sherpas qui dénoncent, pour quelques yuans, leurs voisins, Tibétains candidats à l’exil, adolescents tibétains qui s’enrôlent dans l’armée chinoise…
Après les fondations même de l’Occident et ses tours de Babel, c’est le Toit du Monde qui s’écroule.

Carnet de route.

Business in Tibet

« 90 % des Tibétains ignorent tout de la situation réelle de leur pays, de sa culture et de ses traditions. Certains croient même que le Dalaï-Lama est mort », m’affirme Konchok, un des nombreux « Trekking-Guides » tibétains, liens indispensables entre touristes en quête de dépaysement, agences de voyages gouvernementales corrompues et administration chinoise paranoïaque. « Éduqués » (dans le sens le plus chinois et donc le plus terrifiant du terme) depuis la première invasion chinoise de 1951, les Tibétains, y compris dans le Tibet profond, à deux jours de cheval et de marche, vous repèrent, même de très loin, et vous interpellent, de plus en plus appauvris, à coups d’inlassables et parfois virulents « Hé, hé, money, money ! ».

Dans le vieux Lhassa, la capitale du Tibet définitivement devenue ville chinoise, et qui n’a plus aucun rapport avec la « Cité Interdite » d’Alexandra David-Neel, autour du Palais du Jokhang, la seule partie de la ville épargnée par la folie chinoise, tout est à vendre. En vous joignant aux Tibétains qui effectuent leur « Kora » quotidienne (circambulation autour d’un monument sacré) et en faisant fi des soldats chinois, vous pourrez même à la fois prier… et faire vos courses ! Moulins à prières actionnés par énergie solaire, faux bijoux en plastique imitation corail, turquoise ou ambre, et même, pourquoi pas, future épouse :  » Mise à prix 50 000 yuan, environ 7 600 Euros ».

Oubliés : mantras, malas et moulins à prière. Le seul vrai Maître ici, c’est Saint-Yuan, l’unique monnaie chinoise. Sorti de la ville et de tous ses 4×4 climatisés avec autoradio CD, conduits par les Chinois, osez vous faire inviter dans une tente de nomades.
A peine bue la première gorgée de thé brûlant au beurre de yak, ce n’est pas le dernier-né de la famille qu’on vous présentera fièrement. Mais d’une malle en fer, devant vos yeux éberlués, votre nouvel ami a déjà sorti une petite calculatrice de poche pour vous demander, en vous montrant une « vieille » lampe à huile, « very old and very cheap » (« très vieille et pas chère ») : « How much ? ». Quand aux monastères, toutes leurs entrées sont payantes et si vous voulez prendre une photo… vous devrez la payer aussi.

Big Brother au Pays des Neiges Éternelles

Lhassa, Palais du Potala, ancienne résidence de Sa Sainteté le 14° Dalaï-Lama. Tarif de l’entrée : 15 euros. Les touristes du monde entier, devancés par leurs guides, se pressent dans les couloirs sombres et étroits du monument sacré le plus visité du Tibet. Quelqu’un, derrière vous, ne manque jamais de vous bousculer, le regard méprisant, pour vous passer devant : un Chinois qui a vite fait de vous faire comprendre qu’il est ici chez lui et que l’envahisseur, c’est vous.

La visite continue. L’appareil photo reste en bandoulière : à 15 euros la taxe pour la moindre prise de vue, on réfléchit à deux fois. N’espérez même pas déclencher votre appareil en toute impunité : au Potala comme ailleurs, toutes les salles sont truffées de caméras, de micros et la plupart des moines sont « fonctionnaires », payés par le Gouvernement chinois pour vous suivre partout du regard et faire respecter les interdictions.

Et si vous voulez monter sur le toit du Potala pour admirer la vue sur Lhassa, ville chinoise sans âme et défigurée, aux avenues larges et buildings immenses, façon Pékin ou Shangaï, gardez votre porte-monnaie ouvert : ce sera 2 euros de plus. Tout en haut du monument, c’est par valises entières, au vu et au nez de tous les touristes que, deux par deux, les Chinois ramassent le butin. Une affaire qui tourne…
A Shigatsé, deuxième ville du Tibet, comme à Lhassa, beaucoup sont des policiers-espions déguisés en moines. Difficile de s’y retrouver. Encore plus dur : essayer de se poster dans les angles morts de deux caméras pivotantes pour « voler » une photo « choc ». A Norbulinka, l’ancienne résidence d’été du Dalaï-Lama, les Chinois se frottent les mains quand l’ancienne baignoire ou le divan de Sa Sainteté débordent des offrandes que déposent là les Tibétains, en signe de dévotion pour leur chef spirituel.

Il faut dire que partout au Tibet, c’est le racket permanent, organisé par la « Mafia » gouvernementale chinoise. Micros cachés à l’appui, chaque parole est, elle aussi, surveillée : le mot « Dalaï-Lama », par exemple, – « Tête de Serpent » pour les Chinois, charmant surnom – est un « écart de langage » sévèrement réprimé au Tibet et puni par la prison. Comme toute photo ou image le représentant.

150 euros la vie d’un Tibétain

Neuf heures du matin, Tingri, sud du Tibet, 4 400 mètres d’altitude. Une demi-journée de jeep du premier camp de base de l’Everest, à 5 200 mètres. Moins de 3 degrés et le vent polaire de l’Himalaya qui vous transperce déjà le corps et l’âme. Tout de suite accueillis par une serveuse tibétaine « aux ordres », quelques soldats chinois entrent se réchauffer dans le restaurant « Guest House » le plus fréquenté de cette ville-dortoir, la plupart du temps pour y jouer aux cartes et miser de l’argent par liasses entières, en riant bruyamment.

Tout en mangeant des « momos » (sorte de gros raviolis frits) ou de la « tubka » (soupe tibétaine), on se croirait revenu en France sous l’occupation allemande. Sur les murs noirs de suie, une affiche décolorée au papier glacé, écrite en anglais, symbole à elle seule du mensonge et de la manipulation chinoise : « 1951-2001 : 50 ans de Libération Pacifique du Tibet ».
Après quelques verres de thé salé au beurre rance de yak, les confidences matinales sur ton feutré commencent. Konchok, guide tibétain qui a passé, comme beaucoup, plus d’un an dans les prisons chinoises, accepte enfin de me traduire, une fois les soldats repartis.

La nuit dernière, au col du Choyu, une des plus hautes montagnes du monde, sept Tibétains, qui essayaient de fuir par la frontière tibéto-népalaise, ont été assassinés par les soldats chinois, alertés par des sherpas népalais en quête d’un peu d’argent.
C’est que là-haut, à plus de 6 000 mètres d’altitude, certains Népalais et Chinois « travaillent » main dans la main : 1 000 yuans de récompense (moins de 150 euros) pour chaque Tibétain dénoncé. Pire, certains ados tibétains, engagés dans l’armée chinoise pour y gagner une maigre solde, se retrouvent là, en plein Himalaya, à devoir tirer sur leurs frères de sang. On se souvient alors, que dans chaque pays envahi, naissent toujours des résistants et des « Collabos ».

Tout le monde ici semble fermer les yeux sur de telles atrocités, car nul ne veut finir en prison et préfère oublier, le soir venu, en regardant des vidéos chinoises de Jacky Chan (surnommé « ké-ké » par les Tibétains), ou d’improbables soaps genre « Côte-Ouest » version indienne.
A minuit, le groupe électrogène s’arrête faute d’essence. Plus de pétrole, plus de vidéo.
Dans les arrière-boutiques des gargotes locales ou des salons de coiffure transformés en bordel pour l’occasion, même les prostituées chinoises et les prostituées tibétaines (payées deux fois moins) vont se coucher. Les sons hurlant de kung-fu amplifiés par le vent et les montagnes immenses environnantes se taisent.

Le calme pourrait enfin revenir sur Tingri, étape obligée vers l’Everest.

C’est oublier que des dizaines de chiens errants vont hurler à la mort toute la nuit, relayés à l’aube par les moteurs des centaines de camions et de 4×4 qui assurent la jonction entre Lhassa, capitale du Tibet et Kathmandu, capitale du Népal.
Au petit matin, dans le Tibet dévasté, ce ne sont que villes-fantômes, poussière et désolation. Entre 4 500 et plus de 5 000 mètres d’altitude, perchés sur les plus hautes montagnes du monde, seuls subsistent quelques villages de paysans tibétains, regards profonds et sourire toujours lumineux, entourés de monastères dynamités ou détruits à coups de bazookas par l’envahisseur.

Seule note de poésie dans ce tableau d’Apocalypse de Toit du Monde : entre les pierres sans âge des ruines rongées par le froid et l’altitude, contre vents et marées, poussent, silencieux, des bouquets de jolies petites fleurs bleues, des myosotis, dont le nom anglais est : « Forget me not » – ne m’oubliez pas – . Partout ailleurs, la misère. Partout, des centaines d’enfants livrés à eux-mêmes portant le petit dernier sur le dos, pieds nus, noirs de poussière, les yeux brûlés par le soleil, qui vous tirent le bras et vous implorent, espérant quelques yuans.
Marché financier d’un milliard et demi de Chinois oblige, le sort du Tibet n’intéresse toujours pas, plus de 70 ans après, les grandes puissances mondiales. Qui, aujourd’hui, est ému par la cause tibétaine ? A moins d’un miracle – et il faut continuer de croire aux miracles – le Tibet sera bientôt entièrement rayé de la carte dans un silence assourdissant.
A force de stérilisations, avortements forcés et d’une colonisation chaque jour plus grande  – les Chinois représentent plus de 70 % de la population -, les Tibétains sont depuis longtemps une minorité dans leur propre pays.
Aucun des Tibétains rencontrés au Tibet ne connaît le concept de « Tibet-Libre ». La plupart sont nés dans un pays déjà occupé par l’envahisseur Chinois. « Free-Tibet  » restera peut-être, pour certains, en Occident, un idéal purement philosophique en décalage avec la réalité du terrain.
Dalaï-Lama, reviens vite, ils sont tous devenus fous.

N’attendons plus d’être vaincu pour changer.

Le hasard n’existe pas. Les raisons de l’invasion du Tibet par la Chine sont le résultat de plusieurs facteurs qui s’additionnent.
Politiques et historiques, d’abord : Le Tibet, n’a-t-il pas, lui aussi, annexé dans le passé une partie de la Chine ?
Stratégique, ensuite : Qui s’approprie le Toit du Monde espère bien dominer le monde.
Économiques, enfin : Le mot  « Tibet  », en langage Han, signifie « Maison des Richesses de l’Ouest  » -de « l’ouest  » de la Chine-. Confiscation de gigantesques réserves d’eau – cette ressource du 21° siècle -, déforestation massive, exploitation à grande échelle des ressources pétrolières avec la construction d’un pipe-line de 4 200 km reliant la Chine au Tibet – cautionné en partie par BP France- , des ressources minières : or, lithium et uranium, le Tibet est en passe de devenir la poubelle à déchets nucléaires de la Chine, polluant en même temps quelques-uns des plus grands fleuves de la planète, qui prennent leur source en Himalaya – Indus, Gange, Brahmapoutre, Yang Tsé Kyang –  menaçant ainsi tout ou partie de l’Asie.

Mais au delà des causes tangibles de cette invasion et de cette gigantesque catastrophe écologique passée sous silence, il en est une autre, moins connue sans doute, tant symbolique qu’humaine et spirituelle : la fermeture trop longue du Tibet sur le reste du monde. En effet, qui se ferme prétend se protéger. Mais qui se protège s’enferme et se sépare.
Et qui se sépare est, à terme, condamné à souffrir et à mourir. Le peuple tibétain en fait plus que jamais encore l’intolérable et insupportable expérience, lui qui, fort d’un passé qui se perd dans la mémoire du temps, ne s’est ouvert officiellement au monde qu’au début des années 80 pour préserver, coûte que coûte, son patrimoine et ses traditions multimillénaires.

Les Chinois n’ont pas pris la peine de frapper doucement à cette porte close : ils l’ont fracassée et mis en marche un génocide de plus.
Il aura fallu l’invasion chinoise du Tibet pour que le Bouddhisme tibétain sorte enfin de ses frontières.
Et, comme le dit le Dalaï Lama : « Si les Chinois n’avaient pas envahi le Tibet, nous n’aurions pas pu développer la Compassion. »

De l’utilité d’aimer son « ennemi  » pour développer l’Amour ?

N’attendons plus d’être vaincus pour changer : si nous n’allons pas de nous-mêmes vers le changement, individuellement et collectivement, tôt ou tard, le changement viendra à nous, brutal, implacable.

Heureusement, le Tibet c’est aussi :

✔ Oser lancer un défi à cheval aux nomades des hauts plateaux et s’arrêter enfin, transi, haletant et heureux dans un village à 4 800 mètres d’altitude pour boire du « Tchang » (bière fermentée). S’entendre dire, tout haut : « C’est moi, je reviens à la maison… »

✔ Dormir à la belle étoile à 5 200 mètres d’altitude, manger de la « tsampa » (farine et eau) au diner et une cuisse de mouton crue en guise de petit-déjeuner, tout en buvant une gorgée brûlante de thé rance, pour essayer de faire passer le tout.

✔ Profiter d’une insomnie pour confirmer les hypothèses des astronomes : notre galaxie, la Voie Lactée, a vraiment une forme de spirale !

✔ Offrir son thermos tout neuf et son stick lèvres coefficient 20 à une jeune paysanne partant pour la journée récolter des bouses de yak séchées pour le feu de la maison familiale.

✔ Partager sa tablette de chocolat noir 70 % de cacao avec les orphelins des rues à 3 heures du matin.

✔ Danser le « Kazatchok » avec des bottes de nomades, sur la place principale de Lhassa, devant la foule hilare.

✔ Chanter « Les moulins de mon cœur », de Michel Legrand, avec des Chinois et des Tibétains (pour une fois réunis) à l’occasion de la fête de la pleine lune, dans le dernier resto branché du vieux Lhassa.

✔ Le cerveau mal oxygéné, imaginer l’ascension prochaine d’un sommet himalayen tout en relisant « Tintin au Tibet », page 39, et verser une larme d’émotion à l’exclamation du Capitaine Haddock : « Et dire qu’il y a des gens qui font ça par plaisir… ».

« Il vaut mieux allumer une bougie que maudire l’obscurité ». Proverbe chinois

http://www.tibet.fr/dossiers_speciaux/fxp/


4 Septembre 2016

Le Livret de propagande chinoise confirme la criminalisation absolue de toute expression pacifique au Tibet

Les autorités chinoises ont récemment distribué des exemplaires d’une brochure de propagande politique qui se déguise en matière d’éducation juridique dans les institutions monastiques tibétains situées à travers Ngaba (ch : Aba) tibétain et la Préfecture autonome de Qiang, la Province du Sichuan, et dans la Province tibétaine de l’Amdo.

Le livret de 80 pages bilingues en tibétain et en chinois, est présenté comme un « texte juridique » utilisé pour sensibiliser la population monastique tibétaine sur les actes criminels qui sont considérés comme séparatistes par le Gouvernement chinois. Le sous-texte inhérent au Livret est l’un des nombreux actes d’intimidation et d’avertissement. La brochure souligne que ces crimes prétendus seront traités sévèrement et punis.

Les cinq crimes séparatistes inscrits dans le Livret concernent les activités qui sont devenues une source d’embarras majeure pour le Gouvernement chinois, comme des manifestations d’auto-immolation et d’autres actes d’expression, y compris les manifestants en solo portant des photos du Dalaï Lama, le chef spirituel tibétain, ainsi que l’appel à son retour et des slogans réclamant la liberté et les droits de l’homme au Tibet. En ce qui oncerne l’acte de protestation en solo, le Livret souligne que le protagoniste sera accusé « d’incitation au séparatisme ». Depuis 2013, TCHRD – Tibetan Centre for Human Rights and Democraty – a recensé 25 cas de manifestants connus ; parmi eux, Gedun Phuntsok, 18 ans, condamné à quatre ans de prison et Lobsang Kelsang, 19 ans, condamné à trois ans et demi.

Plus alarmant, des crimes dits  » séparatistes « , énumérés dans le Livret criminalisent tous les moyens d’expression politique pacifique au Tibet. Ceci, en plus du fait que depuis 2008, les tentatives pour n’importe quelle sorte d’expression incluant une pétition aux autorités locales sur des questions telles que la saisie des terres et la pollution environnementale ont été violemment réprimées par les autorités, avec des troupes paramilitaires tirant sur des manifestants non armés.

Les tendances inquiétantes des manifestations d’auto-immolation et de protestations en solo sont symptomatiques de la répression politique extrême. Avec la criminalisation de ces manifestations, la répression de ces formes d’expression pacifique par les Tibétains est absolue.

Cependant, cela ne signifie pas que ces activités ne sont pas criminalisées avant la distribution du Livret de propagande. Contrairement aux récents rapports des médias, des manifestations d’auto-immolation, ainsi que d’autres activités énumérées dans ce Livret ont longtemps été criminalisées par le Gouvernement chinois. Par exemple, le 28 août 2011, les médias d’Etat chinois ont rapporté que trois moines tibétains avaient été accusés « d’homicide volontaire » dans le cadre de l’auto-immolation de Phuntsog, un moine du monastère de Kirti qui a succombé, plus tard, à ses brûlures. Parmi les trois, Tsundue a été condamné à 11 ans d’emprisonnement. A ce jour, le Bureau des prisonniers politiques du TCHRD a affirmé que 67 Tibétains connus ont été arbitrairement détenus ou condamnés dans le cadre de manifestations d’auto-immolation. Parmi eux, certains comme Lhamo Dorjee de Luchu – ch : Luqu – Comté de Kanlho – ch : Gannan – dans la Préfecture autonome tibétaine – province du Gansu – a été condamné à 15 ans pour homicide volontaire. Egalement, Dolma Kyab a été condamné à mort pour homicide, après que sa femme, Kunchok Wangmo, soit morte en s’immolant, le 11 mars 2013. Le sort de Dolma Kyab reste toujours inconnu.

Le Livret note aussi que toute personne qui commet l’acte d’auto-immolation, lors de rassemblements publics, sera responsable de « mettre en danger la sécurité publique ».

D’autres activités criminelles énumérées dans la brochure se rapportent à l’échange d’information sur les événements au Tibet sur les médias sociaux, l’affichage de drapeaux nationaux tibétains et la distribution des tracts en rapport avec la politique.  Encore une fois, il est courant pour les Tibétains au Tibet de se faire arrêter arbitrairement et emprisonner, pour s’être livré à ces activités. Les Tibétains se font arrêtés arbitrairement pour avoir partagé illégalement des secrets d’Etat concernant des informations sur les violations des droits de l’homme sur les réseaux sociaux tels que WeChat. Ils sont soumis à des détentions secrètes, torturés et condamnés pour incitation au séparatisme quand ils affichent le drapeau national tibétain ou la photo du Dalaï Lama et protester pacifiquement contre la politique répressive du Gouvernement.

Voici une traduction des cinq crimes séparatistes énumérés dans le Livret.

Article 1 : [L’acte de] afficher le drapeau séparatiste et des tracts séparatistes dans les espaces publics doit être pénalisé avec la charge d‘« incitation au séparatisme ».

Article 2 : [L’acte de] élever des portraits du Dalaï-Lama et crier des slogans séparatistes dans les espaces publics est considéré comme un crime d‘« incitation au séparatisme ».

Article 3 : [L’acte de] l’auto-immolation dans les espaces publics doit être considéré comme une infraction grave et pénalisé à la charge de « mettre en danger la sécurité publique ».

Article 4 : [L’acte de] incitation à l’auto-immolation doit être pénalisé avec la charge d’« homicide intentionnel ».

Article 5 : [L’acte de] envoyer illégalement des photos et des vidéos séparatistes aux forces hostiles étrangères via l’application de messagerie mobile WeChat sera pénalisé avec de multiples accusations, y compris « le partage illégal des messages secrets » et « incitation au séparatisme ».

Selon des informations fiables reçues par TCHRD, le Livret a été distribué le 28 juillet à 42 monastères bouddhistes tibétains à Ngaba et dans la Préfecture autonome de Qiang.

Le 24 août, le Global Times a interviewé Zeli Danzhu, chef du Bureau de la Justice dans le comté de Ngaba et Tashi, chef adjoint du Département de la propagande du même Comté. Ils ont affirmé qu’ils n’étaient pas au courant de la distribution du Livret. Le rapport a également cité Qiu Ning, ancien chef du Département du Travail du Front uni du Comté de Ngaba, en affirmant qu’il n’était pas au courant de la question, bien qu’il ait admis que les autorités locales avaient travaillé sur le même « texte juridique » destiné à tous les résidents, à la fois monastiques et laïcs, dans la préfecture.

Le 19 juillet, plus d’une semaine avant la distribution du Livret, les autorités locales ont tenu une réunion dans le Comté de Ngaba qui fut suivie par les dirigeants de la Préfecture et les leaders du Comté, ainsi que des représentants des Comités de gestion du monastère. Le thème de la réunion était : « Dirigez le Comté et les Monastères selon la loi ». Lors de cette réunion, un accord a été signé entre les conseillers juridiques de divers monastères dans le Comté de Ngaba et des autorités gouvernementales compétentes pour faire respecter et mettre en œuvre les décisions prises à la 4ème séance plénière du 18ème Congrès du Parti. Cette session a souligné un système servant « la règle de droit socialiste avec des caractéristiques chinoise ».


4 Septembre 2016

La tradition nomade tibétaine défie le monde moderne…

Malgré des décennies de changements et de développements, les nomades migrent encore vers le Plateau tibétain chaque été.
En voici le reportage de Stephen McDonell, notre correspondant en Chine.

Il fut un temps où les tribus tibétaines étaient itinérantes, dans ces immensités spectaculaires, n’ayant pas de résidence fixe .

De générations en générations, ils ont vécu en nomades, dormant là où ils bivouaquaient.
Ils laissaient libres leurs troupeaux, à la recherche de frais pâturages en fonction des changements de saison.
Les limites de leur territoire étaient marquées par des montagnes et des rivières et leur itinérance imprégnait tous les aspects de leur culture.

En 2016, vous pourriez vous attendre à ce que ce mode de vie ait totalement disparu : ehbien non. Pas tout à fait.
Mais, ce qu’il en reste subit une énorme pression.

Nous avons donc cherché à rencontrer une communauté tibétaine dans la région d’Aba.

Cet endroit a attiré l’attention du monde ces dernières années, comme l’origine d’une vague d’auto-immolations en signe de protestations. Dans les villes tibétaines, près de 150 personnes, des moines et nonnes pour la plupart, se sont immolées par réaction à l’impact du pouvoir de Pékin ; la majorité d’entre elles venait de l’Aba.

Pour cette raison, la sécurité a été resserrée dans cette région durant des années. Mais en voyant que le nombre d’immolations réduisait, nous espérions avoir plus de chances de nous rendre dans ces communautés éloignées et de pouvoir leur parler.

La province chinoise du Sichuan, dont l’Aba est un district, constitue, par sa situation centrale, le fondement même de la Chine. C’est le foyer des pandas et de la cuisine épicée.

Si vous regardez sur une carte, elle est en plein milieu du pays. Cela dit, si vous roulez vers l’Ouest depuis Chengdu, la capitale du Sichuan, vous ne tardez pas à entrer dans un nouveau monde. La route ne fait que grimper jusqu’à parvenir au Plateau tibétain.

Lorsque les gens évoquent le Tibet, ils se réfèrent souvent à ce qui est appelé la Région Autonome du Tibet (RAT): aucun étranger n’est autorisé à y pénétrer sans permis spécial; les journalistes n’y ont que rarement accès. Quand ils l’obtiennent, ils sont constamment chapeautés par des agents officiels.

En fait, l’immense région où vit l’ethnie tibétaine fait deux fois la RAT, s’étendant à travers tout le plateau pour s’enfoncer dans le Yunnan, le Qinghai, le Gansu et le Sichuan.

Dès notre arrivée, dans ce que vous appelleriez la zone tibétaine, nous sommes vite repérés par la police.

Les autorités nous attendaient. Elles étaient informées de nos prises de contact avec des locaux pour préparer les interviews et la logistique de notre voyage. Ils nous avaient déjà envoyé des messages, via ces mêmes locaux, comme quoi nous n’étions pas les bienvenus, nous suggérant d’aller voir ailleurs.

Nous nous posons à peine… que des officiels arrivent. Que faisons-nous? Quels sont nos projets?

Nous expliquons que nous sommes ici pour tourner un film sur la transhumance annuelle des bergers, qui vont emmener leurs yacks dans les collines où ils resteront les mois d’estive.

Ils nous écoutent, affables apparemment, puisqu’ils ne nous chassent pas de là… Mais le lendemain, quand nous parlons avec ceux qui préparent le voyage, nous constatons que le Gouvernement y a placé quelques  » oreilles « .

Nous nous levons, alors que le soleil n’a pas encore touché la prairie. Il y a des villages aux alentours et ces jours-ci, au moins pour le gel hivernal, la plupart des gens ont des logements fixes.

Suivant une politique gouvernementale de relogement, les Tibétains ont migré vers les villes. Les critiques y voient un mécanisme permettant aux autorités de pister les gens plus facilement. Le Parti Communiste justifie cette politique pour améliorer leur confort, rien de plus.

Ainsi, en à peine une année, les gens ont la télévision, le réfrigérateur et l’électricité. Mais dès que l’été arrive, ils se dirigent vers les hauteurs, de retour sur la terre de leurs ancêtres.

« Ici, les nomades le sont au tréfonds de leur coeur », nous dit Kalsang Gyatso. « Nous vivons ainsi depuis la nuit des temps. Nous n’aimons pas demeurer dans les maisons ».

Nous l’avons rencontré lui, et les membres de sa famille, en train de regrouper les yacks pour les pousser dans un enclos. Bientôt, comme leurs voisins bergers, ils suivront le même chemin, comme chaque année, et mèneront leurs troupeaux dans les montagnes où l’herbe n’as pas été touchée depuis des mois.

« Si nous n’allons pas dans les pâturages d’été et restons sur les prés d’hiver, il n’y aura plus assez de nourriture pour les yacks. Quand ils ont de l’herbe fraîche à brouter, nos animaux grossissent et produisent suffisamment de lait ».

Ils nous expliquent que le pâturage d’été abrite des fleurs médicinales dont les yacks ont besoin pour rester en bonne santé.

L’agent du Gouvernement, qui se tenait dans le champ à écouter notre interview, disparaît subitement. Il s’est probablement dit que notre conversation portait vraiment sur ce que nous avions prétexté au départ, et qu’il n’y avait plus lieu de s’inquiéter.

Juste à côté du camp de Kalsang Gyatso court une route récemment goudronnée sur laquelle résonnent des centaines de sabots.
La transhumance démarre!

Les voitures et camions tentent de se frayer un passage dans une mer d’animaux. La plupart des chauffeurs s’arrêtent et attendent que les bêtes passent.

Les Tibétains, juchés sur leurs chevaux, appellent et sifflent le troupeau pour le maintenir en mouvement. Quelques yacks portent le couchage et tout le matériel nécessaire au campement, à leur arrivée.

Un jeune homme nous parle, alors qu’il chevauche à nos côtés. Il nous dit qu’ils doivent partir aujourd’hui pour faire le maximum de nouveaux pâturages, depuis que les dates de transhumance sont fixées par le Gouvernement.

Je lui demande comment il se sent de revenir à cette ancienne vie, pour au moins quelques mois, m’attendant à une description de cette culture riche et vivante jusque dans ses veines. « Je me sens un peu fatigué » dit-il.

Et comme nous nous suivons en groupes, toujours plus vers l’Ouest, nous atteignons….un Parc d’aventures!

Construit au beau milieu de la route migratoire, il vient juste d’ouvrir et sera capable d’accueillir des milliers de touristes chaque jour.

Nous voyons les centaines de yacks poussés vers un parking, depuis un portail principal vers des tourniquets, où ils sont vite entourés de bus touristiques remplis de Chinois Hans en quête du frisson tibétain.

Les régions tibétaines en Chine ont été des foyers de révolte, par le passé, contre les entraves faites au bouddhisme tibétain, à la langue et la culture tibétaines.

La réponse du Gouvernement : développement.

Nous montons à bord des bus, parler à ceux qui prennent en photo les cavaliers tibétains, tout autour.

« Ici, nous mangeons de la viande et buvons le vin du plateau au-delà de nos espérances, exactement comme je le voulais » raconte une femme.

« On se sent dans un autre monde. Je me sens plus forte aux côtés de la culture tibétaine, car les Tibétains sont plus purs et mènent une vie plus simple. » explique une autre femme, ce à quoi son ami acquiesce.

Ils semblent avoir une réelle affection pour ces gens qui considèrent cet endroit comme leur foyer, et à l’intérieur du Parc d’aventures, ils pourront être en contact avec les employés tibétains.

La communauté des bergers est cependant divisée sur les retombées positives de cette explosion du nombre de touristes.

Même les Tibétains qui ont ouvert des gîtes, avec des terrains de camping, s’inquiètent de leurs terres vierges ainsi envahies.

Tshe Bdag Skyabs a voyagé deux jours avec ses bêtes.

 » D’un côté le revenu des gens a augmenté et le transport s’en voit facilité. Mais le coût environnemental de ce développement est devenu exorbitant « .

Lui, sa famille, et leurs 400 yacks, parviennent tout juste aux limites de la vie moderne après le Parc touristique.
Ils arrivent à peine à la limite des hautes montagnes non encore polluées.

Ici pas de boutiques, ni routes, ni touristes mais un espace pour leurs ancêtres.

 » Quand j’arrive ici, mon humeur est bonne, exceptionnellement bonne  » nous dit-il.  » Quand les citadins viennent ici, ils se sentent heureux par l’air frais et le parfum des fleurs sauvages. C’est comme un pays magique. »

Ils y resteront jusqu’en septembre. Ils marcheront pieds nus pour garder intactes les fleurs nécessaires aux yacks. Ils trairont leurs bêtes pour faire du beurre et du fromage. Aux premiers frimas, ils redescendront des montagnes pour y retourner l’an prochain.

Lorsqu’un mode de vie traditionnel vient percuter un flux massif de touristes, il y a du bon et du mauvais.

Nous pouvons juste espérer que les bénéfices l’emporteront sur les écueils.

Mais quand cela se produit dans les pâturages tibétains, pour ce que nous en avons vu, et malgré ce que le monde moderne leur jette à la figure, leur culture semble remarquablement résistante.

Au moins pour quelques communautés…Pour l’instant.


4 Septembre 2016

Indresh Kumar un des leaders du RSS Indien déclare que le Tibet devrait être libre

Un leader du RSS, Rashtriya Swayamsevak Sangh (groupe nationaliste hindou de droite),  a déclaré que le Tibet devrait être libre, que ce soit par la voie du milieu ou bien par l’indépendance.

C’est au cours d’une conférence de presse à Dharamsala, organisée par le secrétariat du  Parlement  Tibétain en exil, qu’Indresh Kumar a manifesté son espoir que Beijing renoue le dialogue avec l’Administration Centrale Tibétaine. Il a également encouragé la Chine à protéger la culture et l’héritage tibétains ainsi qu’à préserver l’environnement des dégradations engendrées par le développement économique.

Indresh Kumar propose également de rétablir le Tibet comme zone tampon protégée.

« La Chine n’a jamais été un pays frontalier de l’Inde. Il n’y avait que 78 personnes – 26 Tibétains et 52 Indiens – postées aux 13 postes de contrôle le long de la frontière. Aujourd’hui, il y a plus de 200 000 hommes postés aux mêmes 13 postes de contrôle pourvus d’armes d’assaut et de munitions lourdes. » selon ce leader du RSS qui a coopéré avec le mouvement tibétain depuis 17 ans.

Indresh Kumar, qui est aussi le Fondateur d’Himalaya Parivar et le dirigeant du Bureau de coordination Ind- Tibet ( Bharat Tibbat Sahyog Manch), a ironisé en pointant que l’agrandissement des routes et des bases frontalières, ainsi que le fait qu’elles soient pourvues de munitions lourdes, n’était en aucune façon, des démonstrations d’amour envers le Tibet ou l’Inde.

« Le Gouvernement chinois a fait d’énormes investissements militaires dans la région himalayenne tandis que la population vivant  dans ces régions est très faible. Ces dépenses révèlent l’intention chinoise quant à la conquête de cette région.

L’homme politique indien affirma qu’il ne détestait pas la Chine mais que la Communauté mondiale et les pays asiatiques, plus particulièrement ceux de la région himalayenne, devraient rester sur leur garde et se méfier des ambitions colonialistes chinoises.

« La paix et la fraternité sont les deux seuls piliers sur lesquels peuvent se construire un développement sain et une gouvernance éclairée. Si la Chine désire la paix et la fraternité ils devraient abandonner leur politique répressive et leur impérialisme, » nous signale le leader du RSS.

Dans ce contexte, la réaction du député du Parlement Tibétain en exil Acharya Yeshi Phuntsok à un article du Nikkei Asian Review nous permet de mieux comprendre les tensions liées aux tibétains, à la Chine, l’Inde et à la région Himalayenne.

Les problèmes frontaliers entre l’Inde et la Chine remontent à 1914 lorsque les britanniques (qui dirigeaient l’Inde comme colonie) ont fixé les frontières suite à un accord avec le Tibet que la Chine a toujours rejeté. Aujourd’hui l’Inde et la Chine revendiquent les mêmes terres.

Dans l’article récent du Nikkei Asian Review, il était relaté une rencontre de 2014 entre Xi Jinping et Narendra Modi, le Premier Ministre indien, qui négociait le sort des Tibétains en cas de décès de Sa Sainteté le Dalaï Lama. Il citait alors un politicien du RSS qui déclarait que les Tibétains en exil en Inde se verraient attribuer la nationalité indienne, que l’Inde stopperait les nouveaux exilés tibétains qui essaieraient de rejoindre l’Inde via le Népal et que New Delhi abolirait le Gouvernement tibétain en exil. En échange la Chine ne réclamerait plus les terres frontalières conflictuelles.

Le député du Parlement Tibétain en Exil – TPIE – a donc réagi en affirmant que jamais l’Inde ne négocierait sur de tels sujets et que jamais elle ne prendrait de telles mesures.


4 Septembre 2016

Le Dalaï-Lama à la rencontre des jeunes Strasbourgeois

 Il se peut que la lecture  soit délicate en direct sur l’extrait  photo des DNA …Le voici en qualité normale…

Le chef spirituel des Tibétains, 81 ans, sera en France du 12 au 18 septembre et passera quatre jours à Strasbourg, où il dialoguera avec des lycéens et collégiens.
Le Dalaï-Lama, une parole « toujours plus précieuse ».DR

« Cette visite de sa sainteté le Dalaï-Lama fait suite à une invitation lancée, il y a quelques années, par douze institutions membres de la Fédération du bouddhisme tibétain. Une association, Mandalas-Strasbourg 2016, a été créée l’an dernier pour accompagner cette visite. » Sacha Marche, secrétaire de cette association mais aussi vice-présidente de la communauté bouddhique d’Alsace, explique ainsi l’implication des communautés bouddhiques de l’Est de la France dans le voyage du chef spirituel des Tibétains, le 4e en Alsace.

« Dans ces temps particuliers, poursuit-elle, la parole de sa sainteté est précieuse : pour la paix, mais aussi pour l’environnement. Et avec l’âge [le Dalaï-Lama a aujourd’hui 81 ans, NDLR], cette parole est encore plus précieuse. »

Enseignement et échanges
À Strasbourg, le Dalaï-Lama délivrera son 8e cycle d’enseignement bouddhique sur un texte de Nagarjuna, « Le commentaire de l’esprit d’éveil ». « Nagarjuna était un moine bouddhiste indien du IIe siècle qui était une grande figure du bouddhisme du Grand Véhicule ou Mahayana , explique encore Sacha Marche. Dans son commentaire, il y explique et y décrit l’attitude de l’être éveillé dans son aspect absolu, à travers la vacuité et l’interdépendance de tout, mais aussi dans sa relativité, par l’altruisme et la compassion pour tous les êtres. »

L’enseignement qui sera donné au Zénith, les 17 et 18 septembre, ainsi que la conférence grand public sur le thème de l’éthique au-delà des religions affichent déjà complet. Une centaine de moines et nonnes bouddhistes vont participer à ces journées et seront hébergées gracieusement dans des familles alsaciennes.

Le Dalaï-Lama va aussi participer à d’autres rendez-vous, notamment avec l’Université de Strasbourg autour de tables-rondes, notamment sur les apports mutuels entre neurosciences et méditation.

Enfin, la Ville de Strasbourg s’associe également à cette visite du guide spirituel tibétain en organisant une rencontre entre le Dalaï-Lama et des collégiens et lycéens de la capitale européenne. Cette rencontre, sous forme de conférence-débat, se déroulera le 15 septem-bre à 13 h 45 au Palais de la musi-que et des congrès, dans la salle Erasme fraîchement rénovée. Alors que la jauge est de 1 800 places, plus de la moitié de la salle sera réservée aux jeunes. Le grand public pourra s’inscrire à partir de demain sur le site internet de la Ville (www.strasbourg.eu), ainsi que sur sa page Facebook (strasbourg.eu) à partir de ce matin. Le billet nominatif est gratuit, mais il sera à imprimer et à présenter à l’entrée avec une pièce d’identité. Les portes de la salle ouvriront dès midi.

« Échantillon représentatif »
« Les collégiens et lycéens invités à cette rencontre seront essentiellement de Strasbourg, explique Alain Fontanel premier adjoint au maire de la Ville. L’idée est d’avoir un échantillon représentatif de la jeunesse strasbourgeoise. Il s’agira de jeunes impliqués dans des projets scolaires autour de la citoyenneté et des luttes contre toutes les discriminations tout au long de l’année. » Ou de jeunes ayant participé à des chantiers humanitaires pour les Tibétains.


4 Septembre 2016

Technologie numérique : contrôle, censure et intimidation ; le Tibet et le Xinjiang condamnés au silence.

Par Nithin Coca, le Daily Dot, 20 août 2016

L’effet dissuasif de l’insidieuse censure chinoise

Au mois de mars dernier Sonam Tso, une mère de famille de cinq enfants est morte après s’être immolée par le feu, en plein jour, à l’extérieur d’un monastère, en signe de protestation contre la domination chinoise. Ce tragique évènement a eu lieu dans la province de Dzoege, une zone du Tibet contrôlée par les autorités chinoises. Il s’agit là du 145éme acte d’immolation volontaire rapporté depuis 2009 dans cette région insoumise. L’absence de liberté de parole ou d’opinion ainsi que l’inexistence de voies de droit offertes aux tibétains a conduit certains à se bruler vifs afin d’exprimer leur révolte de manière extrême et désespérée.

A l’ère des smartphones, de la communication instantanée et des réseaux sociaux on aurait pu espérer qu’une telle nouvelle fasse rapidement  le tour du monde. Il n’en a rien été.  En effet, les différents collectifs de défense des Tibétains implantés à l’extérieur n’ont pas été en mesure de confirmer l’histoire de Sonam Tso et d’alerter le monde avant le mois de mai, soit plus de six semaines après le drame, une éternité dans le monde numérique.

Comment tout cela a-t-il pu être possible ?

Selon  Yaqin Wang, correspondant pour l’Asie du Nord-Est du Comité de Protection  des Journalistes « Le système politique autoritaire chinois du parti unique repose en grande partie sur le contrôle de l’information ». « Le Gouvernement chinois ne veut pas que les peuples, en Chine ou à l’extérieur, sachent ce qui s’est passé et continue de se produire au [Tibet ou au Xinjiang] car cela exposerait, aux yeux de tous, ses ténébreuses pratiques ».

Alors que les nouvelles technologies favorisent l’interconnexion de tous à l’échelle mondiale, elles facilitent également la tâche des gouvernants, dès lors qu’il s’agit d’empêcher une information sensible de sortir du pays. Cette capacité n’est nulle part plus flagrante qu’en Chine et plus particulièrement dans les deux territoires les plus reculés que sont le Tibet et la région extrême-orientale du Xinjiang connue également sous la désignation de Turkestan Oriental, la patrie des Ouighours. Les outils utilisés par les journalistes et les activistes pour enquêter dans le monde entier que sont Twitter, Facebook, Snapchat et Périscope sont, dans ces régions, la plupart du temps opaques, rendant ainsi l’obtention d’informations vérifiables plus difficile.

Une part importante de ce phénomène est imputable à l’accroissement des capacités dont disposent les autorités chinoises pour contrôler l’internet. Pourtant, une autre réalité fréquemment rencontrée dans les régimes autoritaires doit également être évoquée : l’autocensure causée par la peur. Compte-tenu de l’évolution d’internet ce qui se passe là-bas pourrait devenir la norme, à savoir un réseau sur lequel l’information ne circule plus librement mais au gré des desideratas des gouvernants et ce, tant en ligne qu’ hors ligne.

Stratégies en ligne et hors ligne.

Les sources classiques d’information, qu’elles soient locales, ou qu’elles proviennent de lanceurs d’alerte ou encore de simples courriers électroniques sont de plus en plus inaccessibles aux journalistes couvrant le Tibet et le Xinjiang. Ces deux régions sont fermées à ces derniers à l’exception des déplacements ministériels lourdement encadrés. Les rares journalistes réussissant à faire leur travail dans ces deux régions constatent que leurs sources font régulièrement l’objet d’intimidations, ce qui diminue drastiquement le nombre de personnes acceptant de communiquer ouvertement avec des personnes extérieures.

« Un quart des journalistes consultés rapporte que leurs informateurs ont été harcelés, emprisonnés, interrogés ou sanctionnés au moins une fois, pour leur avoir parlé »  a déclaré Wang. Certains, à l’image de l’entrepreneur tibétain Tashi Wangchuk, qui défend une politique éducative bilingue dans la région et avait parlé à un journaliste du New York Times, sont jetés en prison, souvent sous l’accusation d’incitation au séparatisme, comme ce fut d’aiileurs le cas pour Wangchuk.

Ce niveau de contrôle s’applique également sur la toile. Tant l’internet que les réseaux de téléphones cellulaires sont régulièrement coupés en cas de troubles. À titre d’exemple, l’accès  internet a été restreint pendant dix mois dans tout le Xinjiang, une région plus grande que le Texas, après que des manifestations aient eu lieu en 2009.

« À un moment donné, les règles en vigueur dans le monde réel finissent par rattraper internet et ceci s’est produit en Chine ».

Cependant, aujourd’hui les stratégies évoluent. Les blocages du Web à large échelle deviennent plus localisés au fur et à mesure que les capacités à tracer et à surveiller les contenus et les téléphones portables s’accroissent. Il existe des preuves montrant que les autorités peuvent accéder aux données provenant de certaines applications et l’année dernière des hackers chinois ont réussi à retracer des contenus partagés sur des réseaux privés virtuels en exploitant les faiblesses d’un logiciel serveur. Bien que la population chinoise, en particulier, utilise les réseaux privés virtuels (RPV) pour contourner ce qui est appelé « le Grand Pare-feu » et échapper ainsi à la censure étatique, l’usage de ces RPV devient plus périlleux et ce, plus particulièrement dans les régions insoumises.

Ainsi lorsque Sonam Tso s’est immolé, ce système plus sophistiqué et en grande partie secret a été mis en œuvre.

« Il y avait une perturbation du réseau dans cette région » a déclaré Lobsang Gyatso Sither, responsable du programme de sécurité numérique pour le Tibet Action Institute. Selon lui, la police a procédé sur le terrain à des confiscations de téléphones, intimidé des familles et procédé à la censure de contenus en provenance du district de Dzoege.

Beaucoup de Tibétains et de Ouighours possèdent des téléphones portables mais pour ceux qui résident dans les régions insoumises, l’usage des RPV est risqué. Bien qu’ils puissent garder confidentielles les informations auxquelles ils accèdent, ils ne peuvent pas cacher le fait qu’ils utilisent un RPV et ce simple fait peut être considéré comme suspect. De manière peut-être révélatrice les applications les plus utilisées dans ces régions sont « Chinese Weibo » et « WeChat » dont les serveurs sont situés en Chine et font vraisemblablement l’objet de mesures d’extraction de données et de surveillance à grande échelle de la part des autorités. Récemment des membres du groupe «Tibetan WeChat » ont été emprisonnés pour avoir simplement discuté avec le Dalaï Lama ; des posts relatifs à des évènements sensibles ont été très rapidement retirés, tels ceux apportant des précisions sur la démolition récente du monastère bouddhiste tibétain de Larung Gar.

« Les applications chinoises et les plateformes de réseaux sociaux censurent et surveillent les contenus se rapportant au Tibet » a déclaré Masashi Nishihata, responsable de recherches auprès de Citizen Lab qui collabore étroitement avec la société civile tibétaine avant d’ajouter que : « Des applications telles que WeChat ont l’obligation de se conformer au droit chinois relatif au contrôle des contenus ».

Un effet dissuasif

Plusieurs collectifs de défense font leur possible pour maintenir une certaine fluidité de l’information et protéger ceux présents à l’intérieur de la Chine mais les circonstances jouent en  leur défaveur. En effet, les capacités technologiques déployées par les autorités chinoises dépassent de loin ce  que les organisations non gouvernementales peuvent leur opposer.

L’expert en cyber-sécurité Greg Walter, qui a étudié les stratégies chinoises depuis quelques temps déjà, a pu faire le constat que « clairement, la Chine peut mettre en œuvre des ressources incomparablement supérieures en terme de [contrôle et de surveillance] à celles que peuvent déployer les acteurs de la société civile pour défendre la liberté sur internet et ce, même pour les collectifs bénéficiant du soutien du Gouvernement américain ».

Le plus inquiétant n’est pas le fait que la Chine contrôle tout ou que quiconque puisse être arrêté pour avoir relayé ces informations sensibles. Ce qui l’est, c’est que les arrestations et les pressions qui ont déjà eu lieu conduisent beaucoup de Tibétains et de Ouighours à pratiquer l’autocensure et à éviter de relayer tout ce qui pourrait éveiller les soupçons. Voilà la véritable raison pour laquelle le geste de Sonam Tso est resté dans l’ombre pendant si longtemps.

« C’est l’un des piliers du système de censure chinois, un effort proactif pour provoquer un effet de dissuasion, l’autocensure »

« C’est l’un des piliers du système de censure chinois, un effort proactif pour provoquer un effet de dissuasion : l’autocensure »  rappelle Carl Minzner, professeur à l’université de Fordham, grand spécialiste de la Chine et du droit chinois avant de préciser que « ceci est plus fondamental que les blocages techniques ».

En d’autres termes, si la population a trop peur de s’exprimer dans la rue, personne n’aura plus le courage de le faire sur la toile.

Toujours d’après Carl Minzner, « toutes ces technologies existent au sein d’un espace humain et les réseaux sociaux n’en sont que le reflet » et « les normes applicables dans le monde réel finissent par rattraper internet à un moment donné et ceci s’est produit en Chine ».

La répression constatée au Tibet et au Xinjiang a été étendue au reste de la Chine. Au mois de juillet [ 2016] l’Administration Chinoise pour la Cyber-sécurité a mis en place de nouvelles règlementations interdisant aux sites internet de publier des informations non confirmées. Cette initiative a été considérée comme une tentative visant à ralentir la diffusion de l’information sur les réseaux sociaux et particulièrement sur Weibo et WeChat. Ce train de mesures a fait suite à de nouvelles dispositions intervenues au mois de juin exigeant des développeurs de l’App Store d’Apple de conserver l’historique de l’activité des utilisateurs pendant soixante jours, des données auxquelles les autorités pourraient avoir accès. La Chine n’est pourtant pas la seule à agir de la sorte, la Thaïlande, le Cambodge et la Turquie ont tous procédé à des arrestations de citoyens en raison des contenus qu’ils avaient publiés sur Facebook. Rien ne permet de penser que cette tendance soit en recul.

La prochaine fois qu’un Tibétain protestera publiquement ou que quelqu’un s’immolera comme l’a fait Sonam Tso, il se passera peut-être plus de sept semaines avant que l’information ne soit connue du reste du monde, et, si les autorités chinoises parviennent à leur fin, l’ information pourrait bien même ne jamais sortir.

Dans notre monde numérique, si quelque chose n’est pas partagé ou lu sur un média social, c’est comme si cela n’avait jamais existé.


4 Septembre 2016

50 ans après, les Tibétains se remémorent la Révolution culturelle

Le 50ème anniversaire de la désastreuse Révolution Culturelle a suscité un grand intérêt dans les médias cette année. Mais bien peu ont cherché à comprendre la catastrophe que cela a représenté pour le Tibet.

Suite au déclenchement par Mao Zedong de la Révolution Culturelle au printemps 1966, le Tibet devint la cible d’une campagneconduite par la Chine visant à  « faire du neuf en se débarrassant du vieux ».

La plupart des monastères tibétains avaient déjà été détruits avant la Révolution Culturelle. Ce qui en restait fut saccagé et pillé. Et les gardes rouges s’introduisirent dans les maisons à la recherche d’objets religieux.

Les premiers gardes rouges à apparaître au Tibet comprenaient des étudiants tibétains éduqués, endoctrinés et radicalisés dans des « Universités des nationalités » en Chine. Devenus de fervents maoïstes, ils rentrèrent au Tibet déterminés à contribuer au lancement de la Révolution Culturelle.

Les gardes rouges avaient collé des affiches dans un centre de formation pour enseignants exigeant « l’éradication de la culture féodale ».

Avec d’autres radicaux, ils réclamaient la destruction des drapeaux de prières tibétains, de l’art religieux, des brûleurs d’encens et des textes sacrés, ainsi que des photos des vénérés Dalaï Lama et Panchen Lama.

Le 25 août 1966, les gardes rouges demandèrent aux écoles de participer à la destruction du plus important sanctuaire du Tibet, le Temple du Jokhang, situé au centre de Lhassa, la capitale du Tibet.

« Les gardes rouges sont entrés dans le temple et ont commencé à saccager les objets cultuels sacrés tout en vitupérant contre la ‘superstition’, » se souvient Drikhung Chetsang Rinpoché, dans sa biographie intitulée « From the heart of Tibet ».

Puis les enfants leur emboîtèrent le pas et se mirent à démanteler les sanctuaires et à traîner les statues sacrées avec des cordes à travers les rues.

Théâtre de la cruauté

L’historien Tsering Shakya explique que de nombreux Tibétains se sont trouvés emportés « par la ferveur de l’époque, tout comme le reste de la Chine » et sont allés jusqu’à dénoncer des amis, des membres de leur famille ou des enseignants comme étant « réactionnaires » ou « capitalistes ».

« Les quelques braves qui refusèrent de prendre part à cette folie en ont payé le prix, traités d’ennemis du peuple et soumis à des séances de lutte, » indique-t-il.

Pour Drikhung Chetsang Rinpoché, le Tibet devint un « théâtre de la cruauté ».

Du mois de mai 1967 jusqu’à la fin de cette même année, deux factions armées rivales affirmant chacune compter de vrais partisans de Mao Zedong, s’affrontèrent bien des fois dans les rue de Lhassa.

Dans le même temps, les gardes rouges évincèrent les cadres du Parti et prirent leur place. C’était le règne du chaos.

Début 1968, Mao envoya les troupes de l’Armée de libération du peuple (ALP) pour juguler les affrontements et prendre le contrôle. Les troupes s’emparèrent  des écoles et entamèrent une série d’exécutions.

Mais la culture tibétaine elle-même, sous toutes ses formes, continua à être la cible d’une bataille pour détruire les « quatre vieilleries » : les vieilles  idées, la vieille culture, les vieilles coutumes et les vieilles habitudes.

En 1969, l’ALP désarma les gardes rouges.

La Révolution culturelle prit fin officiellement avec la mort de Mao en 1976.

Sujet tabou

Cinquante ans après le lancement de la Révolution culturelle, les débats publics sur le rôle de Mao dans le déclenchement de cette chaîne d’évènements  violents sont toujours interdits.

En 1981, le Parti Communiste a fait une déclaration officielle concluant que la Révolution culturelle était une catastrophe, et que Mao avait commis des erreurs au cours de cette période.

Mais depuis lors, le Parti interdit toute discussion sur ce sujet, en raison, semble-t-il, de la crainte que tout débat public porte irrévocablement atteinte à la réputation de Mao Zedong, le fondateur de l’Etat Communiste Chinois.

Fort heureusement, bien que nombreux soient ceux qui  préfèreraient oublier, des survivants âgés et certains intellectuels tibétains, comme Tsering Shakya, ont gardé intact le souvenir de ces années-là.

Tsering Woeser, militante et bloggeuse tibétaine, née en 1966 au début de la Révolution culturelle n’a que peu de souvenirs personnels directs des évènements qui ont déchiré la société tibétaine.

Mais elle préserve les souvenirs des autres, en partie au moyen d’entretiens avec les survivants, de recherches approfondies, et grâce aux photos en noir et blanc prises par son père, haut gradé dans l’ALP à cette époque.

Bien que cinq décennies se soient écoulées, les Tibétains d’un certain âge se souviennent encore des passages à tabac, des dénonciations publiques, et des « séances de lutte » que les membres de leur famille et leurs amis ont endurés tout au long de la Révolution culturelle.

L’histoire personnelle d’un intellectuel

Un intellectuel tibétain en exil a raconté à RFA son expérience d’enfant pendant la période allant de 1966 à 1976, quand tous les membres de sa famille ont été désignés comme « ennemis de classe » ou appartenant à la « bande noire ».

En 1968, il avait 13 ans.

Les enfants ainsi que tous les autres membres de sa famille ont dû être « rééduqués ».

« Chaque soir nous devions aller à des réunions et lire les écrits et les slogans de Mao, » nous a-t-il expliqué.

« On nous demandait, ‘Qu’à fait votre famille aujourd’hui ?  Qu’ont-ils dit?' »

« Ils voulaient qu’on espionne nos familles. »

« J’ai souvent dû présenter des excuses parce que je n’avais pas surveillé toutes les activités de ma famille au cours de la journée. Je leur promettais d’être plus vigilant le lendemain. »

Sa famille vivait dans le Barkhor, la rue qui entoure le Temple sacré du Jokhang au centre de Lhassa. Les pèlerins de l’extérieur venaient  se prosterner sur le chemin de circumambulation du Barkhor autour du Temple.

Un jour, le garçon a été témoin d’un spectacle étonnant.

« Je jouais avec les autres enfants quand j’ai vu mon grand-père vêtu d’une espèce de costume … et portant de lourdes chaînes. »

C’était les entraves utilisées pour empêcher les chevaux  de divaguer.

« Mon grand-père était un homme d’affaires et un marchand. Il utilisait des chevaux pour se déplacer, » précise-t-il.

« Il portait un chapeau en papier. J’étais tout excité car je pensais qu’il était devenu acteur. »

Mais ce n’était pas un jeu.

Certains dans la foule criaient qu’il avait utilisé ces fers pour entraver des serfs ou des esclaves.

« Ils lui crachaient dessus et le frappaient avec leurs poings, » se souvient son petit-fils.

« Il a survécu aux coups, mais sa santé n’a jamais été la même. »

L’intellectuel tibétain qui raconte ces souvenirs ne souhaite pas que son identité soit révélée par peur de représailles contre sa famille restée au Tibet.

Le bouddhisme tibétain à l’heure actuelle

Après la Révolution culturelle, de nombreux monastères tibétains ont été reconstruits, mais leur contrôle par la police s’est accru au cours des dernières années.

Les moines et  moniales tibétains ont aussi été contraints de dénoncer le Dalaï Lama, épreuve pénible pour beaucoup de Tibétains qui le considèrent comme leur chef spirituel.

Et en 1995, bafouant la tradition tibétaine, la Chine a choisi son propre Panchen Lama,  considéré depuis toujours le chef spirituel le plus respecté au Tibet après le Dalaï Lama.

Le Dalaï Lama avait lui-même choisi- auparavant- un autre jeune Tibétain comme Panchen Lama. Le garçon a bien vite disparu, et il est à craindre qu’il soit assigné à résidence, d’une manière ou d’une autre, quelque part en Chine. Les porte-paroles chinois affirment qu’il mène une vie normale, mais que ni lui ni sa famille ne souhaitent être dérangés.

Une autre cause de désarroi pour les Tibétains provient de la décision prise par le Gouvernement chinois en 2007, de voir la Chine superviser le processus de reconnaissance de tous les lamas tibétains réincarnés, les « Bouddhas vivants », comme les appelle le Gouvernement.

Et vraisemblablement la prochaine incarnation du Dalaï Lama lui-même.
Dan Southerland est rédacteur-en-chef à Radio Free Asia.


4 Septembre 2016

LARUNG GAR : Deux nonnes s’immolent en signe de protestion…



གསེར་རྟ་ཆོས་སྒར་གྱི་བཙུན་མ་གཉིས་ཀྱིས་རང་སྲོག་བཅད་འདུག

གསེར་རྟ་ཆོས་སྒར་གྱི་གྲྭ་ཤག་གཏོར་ཤུལ་དང་བཙུན་མ་ཚེ་རིང་སྒྲོལ་མའི་ཉེ་པར། ༢༠༡༦།༨

བོད་འབྱོར། ཀུན་བཟང་བསྟན་འཛིན། LARUNG GAR

རྒྱ་ནག་གཞུང་གིས་གསེར་རྟ་བླ་རུང་ཆོས་སྒར་གྱི་གྲྭ་ཤག་མང་པོ་བཙན་གྱིས་ གཏོར་བཞིན་པར་བཟོད་དཀའ་བའི་བློ་ཕམ་བྱུང་ནས་ཡང་བསྐྱར་བཙུན་མ་གཉིས་ཀྱིས་རང་ སྲོག་བཅད་ཡོད་འདུག
དེ་ཡང་འདི་གའི་བལ་ཡུལ་གྱི་གསར་འགོད་པ་ཀུན་བཟང་བསྟན་འཛིན་ལགས་སུ་བོད་ནས་གནས་ ཚུལ་འབྱོར་བ་བཏང་དོན་ལྟར་ན། དེང་སྐབས་གསེར་རྟ་བླ་རུང་ཆོས་སྒར་དུ་རྒྱ་གཞུང་གིས་དགེ་བཙུན་ཚོའི་གྲྭ་ཤག་མང་ པོ་གཏོར་བཤིག་གཏོང་བཞིན་པར་ད་བར་དུ་ཟླ་ངོ་གཅིག་ལྷག་ཕྱིན་པ་དང་། ད་དུང་ཡང་མུ་མཐུད་དུ་བཙན་གྱིས་གཏོར་བཤིག་གཏོང་བཞིན་ཡོད་པའི་བྱ་སྤྱོད་དེར་ བཟོད་དཀའ་བའི་བློ་ཕམ་བྱུང་པའི་དབང་གིས་སྤྱི་ཟླ་༨་པའི་ཚེས་༡༧་ཉིན་བླ་རུང་ སྒར་གྱི་བཙུན་མ་ཚེ་རིང་སྒྲོལ་མ་ཟེར་བ་ཞིག་གིས་རང་ཉིད་ཀྱི་སྐེ་ལ་ཐག་པ་བཏགས་ ནས་རང་སྲོག་བཅད་ཡོད་འདུག
གནས་ཚུལ་ངོ་སྤྲོད་པས་བརྗོད་དོན། བཙུན་མ་ཚེ་རིང་སྒྲོལ་མ་ནི་ཁྱུང་མཆུ་རྫོང་རྨེ་བ་ཡུལ་ཕྱོགས་ནས་ཡིན་འདུག་ལ། ཁོ་མོ་ད་ལྟ་ལོ་ན་༢༠་ཙམ་ཡིན་པ་རེད་འདུག། ཁོང་སྐུ་མ་གྲོངས་བའི་སྔོན་དུ་ཁོང་མོས་དེང་སྐབས་བླ་རུང་སྒར་གྱི་གྲྭ་ཤག་གཏོར་ བཤིག་གཏོང་བཞིན་ཡོད་པའི་ཐད་སེམས་ཁྲལ་ཆེན་པོ་བྱེད་བཞིན་ཡོད་པ་བཙུན་མ་མང་པོ་ ཞིག་གིས་དངོས་སུ་མཐོང་ཐོས་བྱུང་ཡོད་འདུག་ལ། ཤུལ་དུ་ཁོང་མོས་ཁ་ཆེམས་ཡི་གེ་ཞིག་བཞག་ཡོད་པའི་ནང་། གཙོ་བོ་ད་ནི་རྒྱ་ནག་གཞུང་གིས་སྡོད་བཟོད་མེད་པ་བཟོ་བཞིན་འདུག གྲྭ་ཤག་ཚང་མ་གཏོར་འགྲོ་བཞིན་འདུག་ཅེས་འཁོད་ཡོད་པ་རེད་འདུག
དེ་མིན་ཡང་འཛམ་ཐང་རྫོང་རྐ་མདའ་མདོ་བ་ཕྱོགས་ནས་ཡིན་པའི་བཙུན་མ་སེམས་དགའ་ཟེར་ བ་ཞིག་གིས་ཀྱང་རང་སྲོག་བཅད་ཡོད་ཚུལ་དང་། ཁོ་མོས་རང་སྲོག་བཅད་པའི་དུས་ཚོད་གསལ་པོ་ཤེས་རྟོགས་མེད་ནའང་། རང་སྲོག་བཅད་དོན་ཆོས་ཀྱི་སློབ་གཉེར་བྱེད་སའི་བླ་རུང་ཆོས་སྒར་གྱི་གྲྭ་ཤག་ རྒྱ་གཞུང་གིས་བཙན་གྱིས་གཏོར་བཤིག་བྱེད་བཞིན་པ་དང་འབྲེལ་བ་ཡོད་པ་བོད་ནང་གི་ སྤྱི་ཚོགས་ནང་མང་པོ་ཞིག་གིས་ཡིད་ཆེས་བྱེད་བཞིན་པ་ངོ་སྤྲོད་གནང་འདུག
ཡང་གོང་དུ་བཙུན་མ་ཚེ་རིང་སྒྲོལ་མ་ལགས་ཀྱིས་རང་སྲོག་བཅད་པའི་དོན་རྐྱེན་དེ་ བྱུང་རྗེས་བཙུན་མ་ཚོས་རྒྱ་གཞུང་གི་ལས་བྱེད་ལ་ཞུ་གཏུག་བྱས་སྐབས། ཁོ་ཚོས་གྲྭ་ཤག་གཏོར་བཤིག་དང་འབྲེལ་ནས་སེམས་སྡུག་དང་རང་སྲོག་བཅད་པ་དེ་སྡུག་ གྱོང་རེད་ཅེས་བརྗོད་ཡོད་འདུག་ལ། ད་དུང་ཡང་ཉིན་གཉིས་ཀྱི་སྔོན་ཕ་ཡུལ་རྫ་ཆུ་ཁ་ནས་ཡིན་པའི་བཙུན་མ་ཞིག་གིས་ཀྱང་ རང་སྲོག་བཅད་རྩིས་བྱས་སྐབས། གཡས་གཡོན་གྱི་བཙུན་མ་ཁ་ཤས་ཀྱིས་མཐོང་སྟེ་བཀག་ཐུབ་པ་བྱུང་སྟེ་སེམས་གསོ་ཡིས་ སྲོག་སྐྱོབ་ཐུབ་ཡོད་འདུག
དེའི་སྔོན་དུ་ཡང་བླ་རུང་སྒར་གྱི་གྲྭ་ཤག་གཏོར་བཤིག་དང་འབྲེལ་ནས་བཙུན་མ་རིག་འཛིན་སྒྲོལ་མ་ཞུ་བ་ཞིག་གིས་རང་སྲོག་བཅད་ཡོད་པ་རེད།

གསར་འགོད་པ་གུ་རུ་ཆོས་སྐྱིད།


4 Septembre 2016

WASHINGTON / PEKIN : 72 législateurs américains s’engagent pour le Tibet

Jim McGovern, membre du Congrès américain et ami de longue date du Tibet, a pris la tête d’un Groupe de 72 législateurs qui veulent  insister auprès de Barack Obama afin d’ apporter publiquement son soutien pour le retour du Dalaï Lama au Tibet. Dans une lettre du 17  août 2016, adressée au Président, ces législateurs lui demandent de redoubler d’efforts et de faire de la cause tibétaine une priorité pour les mois qui lui restent dans l’exercice du pouvoir.

Une des propositions du Groupe est de trouver de nouvelles stratégies pour entamer le dialogue ainsi que pour protéger les droits, la culture et la religion tibétaines.

Cependant le Groupe reste intransigeant sur la libération immédiate et inconditionnelle des prisonniers politiques.

Une autre proposition de McGovern est d’ouvrir un consulat américain à Lhassa. Déclarant qu’il serait plus facile de surveiller les infractions à la libre circulation, en particulier des Américains et des Américains d’origine tibétaine, dans les régions indépendantes tibétaines.

McGovern, qui n’en est pas à son coup d’essai, puisqu’il faisait partie avec Nancy Pelosi de la délégation américaine qui avait visité le Tibet en Novembre 2015, a remercié Obama pour son soutien à la cause tibétaine, et souhaiterait que ses paroles deviennent des actes.

APACT  
 




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