Sous peine de se voir infliger une lourde amende, les Tibétains de la ville de Lhasa, capitale de la région autonome du Tibet, se sont vu interdire d’entrer en relation avec leur famille et leurs amis qui vivent à l’étranger, indique le Tibet Times, journal en tibétain basé à Dharamsala, en Inde. Près de 150 000 Tibétains vivent en exil dans les pays voisins, principalement en Inde, siège du gouvernement en exil, où réside le dalaï-lama, chef spirituel bouddhiste. Le gouvernement chinois combat depuis des décennies l’attachement de la population tibétaine en exil au dalaï-lama, qu’elle qualifie de “séparatiste”.

Selon des informations parvenues au journal, des policiers de la municipalité de Lhasa “ont convoqué les membres des familles tibétaines qui vivent à proximité du Tromsikhang et du Jokhang [centre-ville traditionnel de Lhasa] et leur ont interdit dorénavant d’établir des contacts de nature familiale ou commerciale avec des personnes à l’étranger ; ils les ont forcés à signer un document disant qu’ils acceptaient, en cas de contact, l’interruption du versement de toute aide sociale, ainsi que l’application d’une punition sévère”.

Une source a indiqué au journal que cette directive n’émanait pas du gouvernement central mais des autorités locales.

Communications coupées

Une personne originaire de Lhasa et vivant dans le sud de l’Inde, interrogée par le journal, a corroboré avoir constaté des difficultés grandissantes à communiquer avec ses relations restées sur place. “Il est vraisemblable qu’une telle directive soit mise en place. Je discute régulièrement avec un ami tibétain à Lhasa. Aujourd’hui, quand je lui ai demandé par vidéo s’il allait bien, à peine avait-il répondu que la communication a été interrompue. Je me suis demandé ce qui se passait et j’ai à nouveau pu parler avec lui, et il m’a répondu : ‘On m’a bloqué.’ Quelques personnes qui sont de ce quartier de Lhasa, par ailleurs, m’ont déclaré que, quand elles établissent un contact avec le Tibet, on les bloque.”

Une personne qui travaille dans les milieux de l’information au Tibet, interrogée par le journal, a déclaré qu’un projet de cette sorte était bien en cours de mise en place, “pour des motifs de sécurité locale”.

L’État chinois a depuis plusieurs années proclamé l’interdiction de communiquer avec les Tibétains de l’extérieur et même d’entrer en contact avec sa famille. Et cette politique est en train de se durcir, commente l’auteur de l’article.

Source

Journal indépendant créé en 1996, le Tibet Times est lu dans la société tibétaine en exil. Il est publié tous les dix jours à Dharamsala (Inde). Le site est aussi réalisé en tibétain. Il est mis à jour quotidiennement.